Et j'ai crié... Calvin ! ... Pour qu'il revienne

Life : Origine Inconnue s'ouvre d'une manière diamétralement opposée à Alien en ce qu'il substitue aux couloirs sales et froids de son vaisseau spatial et aux relations syndicalistes et tendues de son équipage un feeling presque festif aux accents de happy science fiction. Culminant dans un plan séquence en forme de ballet et apesanteur fluide et aérien.loin du huis-clos total des origines. Le film s'ouvre sur l'extérieur en faisant communiquer ses protagonistes avec des écoliers, parlant du quotidien au sein de la station spatiale internationale. Toujours le sourire aux lèvres et ultrabright, à la blague facile.

Il s'émerveillera ensuite du miracle de la vie, issue de quelques cellules de prélèvements du sol martien, comme s'il s'agissait d'une découverte de premier plan, alors que l'on sait depuis plus de trente ans qu'un Mars, et ça repart. Des cellules qui croissent et se développent, à qui l'on donne un nom, comme à un chiot trop choupi, sur lequel le scientifique du groupe s'émerveille comme ceux du Splice de Vincenzo Natali.

Calvin, qu'elle s'appelle, la future engeance galactique. Car Calvin grandira et rentrera bien vite dans le rang des aliens belliqueux qui ne peuvent pas voir l'espèce humaine en peinture. Le modèle imposé par Alien revient dès lors à la charge et plus d'une fois. Et le thriller reprend ses droits, dans une scène d'évasion immédiatement exaltante et tendue. Avec, comme son illustre aîné, un viol buccal qui met mal à l'aise. La menace est installée. On devine que peu y survivront. Le spectacle peut commencer...

Life ; Origine Inconnue évoluera dès lors dans une tension constante et habilement maîtrisée par son réalisateur Daniel Espinosa, qui avait déjà livré un Sécurité Rapprochée solide et enthousiasmant dans son action. Même chose ici. Le spectateur sera immédiatement plongé dans une ambiance sombre aux accents de thriller qui ne relâchera presque jamais sa pression, et ce jusqu'à la fin. Le rythme sera ainsi alerte et suivra de près, en majorité, l'évolution de son monstre, qui ressemblera d'abord à une créature échappée des écrits de H.P. Lovecraft, avant de muter en quelque chose d'un peu plus classique et connu. Mais cela n'enlèvera rien à la menace que représente cette forme de vie, dont les câlins seront un peu trop appuyés sur des cosmonautes qui y laisseront pour beaucoup leur peau.

Alien sera convoqué en plus d'une occasion, sans pour autant rivaliser avec sa maestria. De toute façon, tel n'était sûrement pas l'objectif affiché. Car Life : Origine Inconnue fait passer un bon, voire un très bon moment, sans pour autant rester mémorable dans ce qu'il propose.

En effet, le thriller ne faiblit pas et le spectateur se laissera sans doute prendre avec plaisir. Mais cependant, le film souffre de quelques scories dans son écriture, que ne manqueront sans doute pas de souligner ceux qui sont revenus de tout, et surtout de quarante ans de SF et à qui on ne l'a fait plus. Ils n'auront peut être pas tort sur certains points, tant un ressort de l'intrigue semble sorti de nulle part, tant l'intelligence du monstre semble fluctuer parfois, tant certaines autres choses sont exploitées avant de tout simplement passer à la trappe par la suite.

Mais celui qui aura été happé par la montée en tension et le suspens déployés par Espinosa ne se rendra certainement pas compte de telles facilités. Car Life : Origine Inconnue est mené de main de maître en offrant un pur ride en forme de huis-clos spatial très efficace. Sans pour autant proposer quelque chose de neuf. A part peut être un twist final un poil manipulateur, mais qui terrifie.

Et au bout d'une heure quarante, le film relâche enfin son emprise sur le spectateur, qui repartira séduit par ce qu'il vient de voir. C'est déjà beaucoup.

Behind_the_Mask, qui a vu une étoile de mer dans l'espace.