Depuis maintenant près de quinze ans, il n'y a plus rien d'infamant à monter des films de super-héros. Héros des temps modernes, ou symboles d'une société qui ne veut pas grandir, ils sont partout. Des plus connus aux moins connus, avec ceux crées pour l'occasion. Tel ce Captain Speed (ou Lightspeed en version originale), si fier sur sa jaquette, avec son costume bleuté qui ne cache rien de la musculature qui l'abrite.
Lors d'une intervention avec son groupe de forces spéciales, l'agent spécial Daniel Leight est mortellement blessé par l'intriguant Python et ses hommes. Python est un super-gangster, à la peau reptilienne et qui semble connaître Daniel. Et pour cause, il tient ce dernier responsable de la mort de sa femme et de l'échec de son travail sur la recomposition cellulaire, qui lui a fait adopter cette allure de méchant lézard. Désirant achever une fois pour toute Daniel, c'est en interrompant sa thérapie expérimentale que ce dernier va acquérir une vitesse sur-humaine, contre un cœur fragile.
Captain Speed commence bien. Python n'est peut-être qu'un bête méchant, mais il en impose, vêtu de sa cagoule. Il sacrifie peut-être à la tendance du « dark », mais c'est certainement l'un des meilleurs personnages du film. Son costume est agréablement réussi, faisant passer l'un de ses congénères, le lézard de The Amazing Spider-Man, pour une créature numérique fantoche. Et l'antagonisme entre le personnage principal, à défaut d'être particulièrement original, est travaillé.
D'autant plus que le film en question est un téléfilm. Les coupures pour les publicités sont d'ailleurs impossibles à manquer. Il est d'abord surprenant de constater que le super-héros n'a rien d'un jeune freluquet, mais bien d'un homme dans la fleur de l'âge, avec une carrure qui n'égale pas celle de la jaquette. N'oublions pas à qui ce téléfilm s'adresse, à la ménagère, il faut adapter l'âge en question, mais cette curiosité est agréable. Ce sont autant de petits détails qui élèvent cette production, puisqu'il faut bien chercher quelques points positifs.
Car même en adaptant une certaine tolérance, il faut bien comprendre que le film a du mal à convaincre sur de nombreux autres points. La trame générale n'a rien de grandiose, mais se laisse mollement suivre, malheureusement jusqu'à une conclusion bâclée. Non, le principal ratage du film, c'est son super-héros. Python a pour lui une présence. Captain Speed n'a rien pour lui, que ce soit pour la découverte de son pouvoir, en attrapant une mouche, ou le ridicule de son costume, en collant bleu, avec lunettes de ski et masque de sport d'hiver. Ouah. Il est incarné par Jason Connery, "fils de" mais peu intéressé. Enfin, le dernier point, c'est qu'un super-héros super rapide, ça marche bien sur le papier, animé ou pas. Mais le résultat ici est un piteux remake en nylon de Benny Hill.
La jaquette, décidément bien mensongère, nous annonce « par les créateurs de X-Men – Spider-Man – Hulk – Les 4 Fantastiques - Daredevil ». Bon, en fait, Stan Lee a participé. Mais, comme tant d'autres projets de séries TV, comics, mangas et autres, c'est devenu plus une marque commerciale qu'une preuve réelle de participation. Allez, soyons joueurs, et accordons lui les petits détails qui font la différence du film. Pas assez mauvais pour être un nanar, mais loin d'être un grand film, Captain Speed a l'avantage pour lui d'être regardable d'un œil distrait, ce qui, en soi, est le mieux qu'on puisse lui accorder.