Voir le film

Dire que Lilet Never Happened est un film coup de poing est une évidence. Il prend un sujet extrêmement délicat - la prostitution infantile - et fait tourner le film autour s'en jamais s'arrêter. Alors forcément, la légèreté et le rire sont relayés.

Pour autant, dire que Lilet Never Happened n'est qu'un film coup de poing serait mensonger. Car le film est bourré de tendresse : de la tendresse entre les enfants, de la tendresse entre les prostituées, de la tendresse entre les enfants et les prostituées...

En cela, Lilet Never Happened reste un film accessible, facile à regarder qui ne nous plonge pas dans un désespoir sans fond face à la nature humaine. Le film informe certes, sur un sujet sensible et violent. Mais il ne se lasse pas de montrer la lumière au bout du tunnel, la possibilité de s'en sortir. Et d'ailleurs, c'est à noter, le film dénonce un fait : il ne dénonce pas quelqu'un, ou un groupe, ou un pays.

Face à un tel fléau en effet, qui serait à blâmer ? La mère, qui initie sa fille par manque de moyens et par soumission ? La mère-maquerelle, qui fait travailler des enfants, mais qui, en parallèle, les nourrit, les loge et les écarte de la violence de la rue ? La société, toujours présente, mais présente comme le serait une toile d'araignée invisible qui englue et paralyse les enfants ? Les hommes, alors que certains profitent de ce système quand d'autres n'hésitent pas à payer pour faire sortir les enfants de ce même système ?

Mais si personne n'est à blâmer, personne n'est à louer... Qui le serait ? Les enfants, Lilet la première, qui ne semble même pas se rendre compte de la situation, passant tout au long du film de l'enfant à sauver à l'enfant insupportable qu'on aurait envie de laisser se démerder ? Les blancs ? qui n'essayent manifestement de sauver les gamins que par intérêt personnel, qu'il soit économique ou psychologique ; et qui de surcroît sont indirectement responsables de la situation - le film le répète suffisamment ? La police, qui enlève les enfants de la rue plus pour profiter d'eux, financièrement ou sexuellement... ?

Là à mon sens est la véritable force du film. Il dénonce, mais il dénonce un fait, une pratique. Ce qui le rend à la fois très efficace, et étrangement, agréable à regarder.

Reste une petite déception quant à la fin... Le film se termine en effet d'une manière assez imprévisible, et presque anecdotique par rapport à la puissance du scénario défendu.

THobbes
8
Écrit par

Créée

le 10 août 2024

Critique lue 4 fois

THobbes

Écrit par

Critique lue 4 fois

Du même critique

Ava's Possessions
THobbes
7

La réussite sans budget

Après le visionnage de ce film, deux idées s'imposent à notre esprit, qui n'en forment plus qu'une à la fin : d'abord, l'œuvre est bourrée de bonnes idées ; ensuite, ça sent la production low cost...

le 24 avr. 2024

3 j'aime

Tortilla Flat
THobbes
7

Un Steinbeck difficile

Je suis un très grand amateur de John Steinbeck. C'est bien simple : je crois qu'aucun de ses romans ne m'a déplu. Mais il faut avouer que certains sont plus difficiles d'accès que d'autres. Et je...

le 23 oct. 2023

3 j'aime