La grande force du film est à mon avis sa dénonciation inattendue du classisme quand son cadre promet plutôt une attaque (pour le coup facile et déjà vue mille fois) contre l'antisémitisme, les deux protagonistes n'étant jamais si proches que quand ils sont loin l'un de l'autre, et si lointains quand ils sont ensemble. Par ailleurs, on appréciera la véritable agression sonore de subir la même chanson sous toutes ses formes pendant tout le long-métrage, beau miroir ad nauseam de la propagande dont Lili Marleen fait l'objet avec une indéniable force cinématographique - même si montrer pour la quatrième fois des soldats mourir pendant qu'une certaine aristocratie nazie savoure la musique peut finir par sembler très lourdement démonstratif, et pas tout à fait digne d'un aussi grand réalisateur. Pour le reste, Fassbinder n'a ici pas l'énergie d'un Szabo pour raconter quelques années comme une fresque, et entre les quelques facilités scénaristiques (pour ne pas parler carrément d'omissions) ou la longueur (réelle mais surtout ressentie) du long-métrage, difficile d'être pleinement conquis par ce qui reste un joli récit de survie.
6,5/10