Lili Marleen est un film (historique... enfin presque) allemand réalisé par Rainer Werner Fassbinder, écrit par Manfred Purzer et Joshua Sinclair qui met en scéne l'histoire d'un amour impossible entre une chanteuse allemand (jouée par Hanna Schygulla... qui n'a jamais été aussi belle que dans ce long métrage) a la recherche du succès et d'un jeune musicien Juif (joué par Giancarlo Giannini)... fils d'un avocat puissant (joué par Mel Ferrer) qui dirige une organisation qui vient en aide aux réfugiés... Elle petite chanteuse de cabaret, aprés s’être mit sous la protection de Henkel (joué par Karl-Heinz von Hassel) un haut dignitaire SS, devient l’icône d'un régime grace a une vieille " Lili Marleen " (écrite en avril 1915 par le romancier et poète allemand Hans Leip)... Lui, le musicien suisse sur le chemin de la célébrité, transporte des fonds destinés à des organisations Juives exilés, tout en restant intègre avec ses idées, sa famille et ses amours...
Inspiré de l'histoire de la chanteuse Lale Andersen et du compositeur juif Rolf Liebermann, Rainer Werner Fassbinder construit son film (de commande) comme un mélodrame ou plutot un superbe roman photos... qui raconte l'histoire d'un itinéraire qui échoue... celui de Wilkie cette femme devenue, l'égérie d'un peuple... Son échec par rapport a la réussite de son amant, Robert Mendelsson... nous renvoie à une signification plus générale du conflit (celui de 1939-40) compromission/intégrité... Deux attitudes politiques qui s'affrontent... l'une qui accepte toute forme de compromission pour réussir et faire de l'argent... l'autre (l'amant) qui trouve ses forces à l’intérieur de sa famille et ses opinions, pour rester intègre et irréductible... le film tente a nous montrer qu'un état de crise provoque à un moment donné des possibilités d'ascension sociale... Wilkie atteint le sommet de la hiérarchie par étapes : Zurich (son départ précipité), Munich (sa rencontre opportuniste avec Henkel), Berlin (son ascension sociale, en galvanisant les troupes et devient l'instrument (plus ou moins volontaire) de propagande du troisieme Reich... avant d’échouer a la fois socialement (obligée de fuir et de vivre caché avec un l'officier von Strehlow (joué par Erik Schumann) et sentimentalement.... Tandis que Robert Mendelsson s'en sort grace a son attitude intègre (Son mariage avec la belle et douce Miriam (jouée par Christine Kaufmann et sa réussite sociale)...
Reconstitution somptueuse (sous la direction artistique de Herbert Strabel) et une mise en scéne très brillante font de ce film une superbe métaphore sur l’Allemagne d'hier et d'aujourd'hui... suivi d'un propos assez subtil pour dénoncer les moyens de propagande, l'embrigadement des faibles, les manœuvres politiques et les violences de la guerre (atténué par la chanson " Lili Marleen ") ... Rainer Werner Fassbinder (jeune réalisateur prolifique né en 1945), créé un spectacle fascinant par les images (superbe photographies de Michael Ballhaus et Xaver Schwarzenberger (Berlin Alexanderplatz) qui ne manque ni de sensibilité, ni d'intelligence dans le discours (la manipulation des individus... comme celle de la chanteuse par le pouvoir Hitlérien et celle du peuple allemand grace a une chanson " Lili Marleen "... et signe un grand film.