Lillian Gish
6.3
Lillian Gish

Documentaire de Jeanne Moreau (1983)

Jeanne Moreau réalise un bel exercice d’admiration et signe un touchant et bel hommage à l’actrice américaine Lillian Gish. L’actrice française évoque avec elle ses débuts précoces dans l’industrie du cinéma dans les premiers films muets, sous l’égide de D. W. Griffith‎.


Le documentaire d’une heure s’ouvre sur une série de photos de l’actrice américaine qui se suivent en fondus enchaînés. Ce qui frappe c’est la pureté du visage et les beaux yeux de la comédienne qui commença sa carrière à l’âge de 15 ans dans les années 1910. Son visage imprime la pellicule, ses yeux la percent. Il n’est dès lors pas étonnant que Lillian Gish fut l’une des vedettes féminines les plus marquantes du cinéma muet. Elle est d’une expressivité folle, ce qui était primordial pour l’époque puisque les films étaient muets.


De manière très classique et linéaire, Moreau discute avec Lillian Gish de sa vie, de son arrivée dans le milieu du cinéma et de ses films muets. Mais le plus intéressant est bien sûr la passion de l’actrice pour le septième art qui reste intacte. Pour elle, un bon film est une bonne histoire et de la belle musique. Une définition somme toute cohérente avec le cinéma tel qu’elle l’a connu.


Ce qui est passionnant avec l’histoire de la star américaine, c’est qu’elle côtoie les débuts des vrais films tels qu’on les connait aujourd’hui. Auparavant, les cinémas projetaient des films en une bobine qui duraient de 10 à 12 minutes. C’est D. W. Griffith‎, employeur régulier de Madame Gish, qui eut l’idée de faire des films en plusieurs bobines. J’ai un regret cependant, mais c’est un léger bémol. Jeanne Moreau choisit d’arrêter son documentaire aux années 1920-1925. Elle n’aborde pas la transition du muet au parlant, dont on sait qu’elle fut douloureuse pour certaines stars. Ce qui est très bien montré notamment dans le récent ‘Babylon’ de Damien Chazelle. Autre regret, le célèbre film de Charles Laughton ‘La nuit du chasseur’ n’est pas évoqué. Un autre film marquant de la carrière de l’actrice, mais cette fois un film parlant dans lequel Lillian Gish entonnait le plus envoûtant des cantiques avec Robert Mitchum.


Ce qui est merveilleux, c’est qu’on redécouvre ces fabuleux films muets. De cette époque, on ne regarde souvent que les films de Chaplin ou de Keaton. Dans ce documentaire, on voit entre autres des extraits de plusieurs films de Griffith comme les célèbres ‘Naissance d’une nation’, ‘Intolérance’ ou ‘Le lys brisé’. On découvre également l’étonnant ‘Le vent’ de Victor Sjöström dans lequel le corps et l’expressivité de l’actrice américaine s’accordent parfaitement avec les bourrasques.


Face à la star du muet, Jeanne Moreau est émerveillée, touchante. Elle la regarde avec l’admiration d’une petite fille, se laisse aller à des confidences personnelles. Ce documentaire devait ouvrir une série de portraits consacrés aux gloires hollywoodiennes comme Katharine Hepburn et Bette Davis. Les films ne se feront jamais. Dommage ! Puisque l’on évoque Bette Davis, la chanteuse Kim Carnes écrivit le tube ‘Bette Davis Eyes’ en l’honneur de Davis et de ses yeux inoubliables. Carnes aurait tout autant pu l’intituler ‘Lillian Gish Eyes’.


Noel_Astoc
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le 20 févr. 2023

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