La grande force de "Lilo et Stitch", c'est justement la simplicité et les sentiments très simples qu'il décrit. Ceci, allié à l'exotisme et au dépaysement apporté par les décors et les incursions de science-fiction, font de ce film un petit coup de coeur personnel. Sympathique, mignon et touchant, il ose cependant présenter une réalité sociale encore jamais montrée dans un studio enfantin tel que Disney.
Le scenario de "Lilo et Stitch" est simplissime. Il raconte en effet la rencontre entre un enfant seul et une créature imaginaire, en l'occurence ici, un extraterrestre. Ce thème, traité un nombre incalculable de fois au cinema, ("E.T", "Peter et Eliott le dragon"...) a le mérite d'avoir un immense potentiel emotionnel, bien que l'utiliser peut aussi être décevant. Ici, ce récit simple est porté par des personnages très attachants, dispensant, plus encore qu'un message d'amitié, la réalité de l'importance des racines, de la famille, dans une vie. Stitch est donc un extraterrestre crée de toutes pièces par un scientifique. C'est une arme, redoutable, dont le seul objectif est de détruire. Stitch, malgré une apparence mignonne, est un véritable méchant. Cependant, en échouant sur une petite île rurale de Hawaii, la créature se retrouve privée de ses possibilités de destruction. Il va alors découvrir au prix de gros efforts sur lui-même l'intérêt de la gentillesse, mais surtout, l'importance de la famille. Le petit extraterrestre se rend compte qu'il n'a aucune famille, qu'il ne sait pas qui il est au delà de son instinct. C'est en découvrant le vrai sens de la famille qu'il pourra changer. Mais l'histoire la plus touchante est celle de Lilo, une petite fille de 6 ans. Ayant perdu ses parents dans un accident de voiture, c'est sa soeur qui tente tant bien que mal de l'élever. Mais Lilo est sous le choc de la perte et présente un certain nombre de comportements, signes de son évident malaise : elle raconte des histoires étranges, prend des photos des touristes, a un certain gout pour les choses obscures (vaudou...), est sujette à des crises d'agressivité... Tout cela participant à son rejet par ses camarades. Son refuge, la musique d'Elvis Presley. Cest donc un personnage très touchant, réaliste dans sa reaction au traumatisme. L'entendre parler de sa famille brisée est déchirant. Jamais encore Disney n'avait été aussi loin dans son thême (à part peut-être pour Le Roi Lion). Jamais le deuil et la souffrance n'ont été aussi soigneusement représentés. Et une grande partie de l'intérêt du film repose sur cette psychologie de l'heroine. Les autres personnages ne sont pas en reste, Nani étant elle aussi porteuse d'un certain réalisme social (à 19 ans, il n'est pas simple de s'occuper de sa soeur, d'autant qu'elle souffrede la pauvreté et évidemment, du deuil...). Quant aux extraterrestres, ils sont plutôt comiques...
L'autre force de "Lilo et Stitch' est évidemment son cadre : déjà, placer l'histoire à Hawaii, en représentant la culture, dépayse le spectateur. Ensuite, le choix de l'aquarelle est judicieux, enveloppant dans un univers doux, mais pas aussi peu détaillé que celui de Dumbo (et donc plus réussi). Cette ambiance, renforcée par la musique d'Elvis ou des chansons hawaienne, est réellement envoutante. Le character design fait le choix de l'originalité. Les traits s'éloignent des standards de Disney, avec des enfants très petits et moins "beaux" physiquement, une jeune adulte aux mensurations plus normales... Stitch, particulièrement, est carrément craquant. L'animation, bien que souffrant du vieillissement des effets 3D, est convaincante.
Aussi, en dépit d'un thême simple et d'une mise en scène tout aussi simple, Lilo et Stitch conquiert le coeur par ses personnages attachants, le dépaysement qu'il provoque, et la chaleur qui ressirt de ce Disney différent des autres mais pourtant sans prétention. Au sein des années 2000, decennie noire, il est sans doute l'une des meilleures productions Disney de l'époque.