Souhaitant contrebalancer leur politique de dessin animés à grande ampleur (Mulan, Tarzan) avec des projets à plus petit budget, les dirigeants de The Walt Disney Company donnent leur feu vert à Chris Sanders au milieu des années 1990's pour réaliser un film plus modeste dont l'idée de départ remonte aux années 1980's et tournait autour d'un petit extra-terrestre perdu sur la Terre.
Les responsables du marketing feront à raison une campagne promotionnelle insistant sur l'unicité de Stitch au sein de la Famille Disney en l'incrustant dans des mini-teasers du Roi Lion, de La Belle et la Bête, d'Aladdin et de La Petite Sirène où le petit alien bleu sabote les scènes cultes du Troisième Âge d'Or. Un joli coup qui s'avère payant, Lilo et Stitch étant le seul rescapé de l'animation 2D disneyenne pendant les 2000's à s'en être bien sorti sur le plan commercial sans compter les peluches puisqu'il dépassera le palier des 145 millions de $ aux États-Unis.
Très bien reçu par la critique professionnelle et adoré par les enfants, Lilo et Stitch va réussir à imposer sa marque dans le merchandising tant le public est au rendez-vous. Car l'air de rien, Stitch est devenu en un temps-record une mascotte essentielle des Studios Disney. Peut-être pas comparable à Mickey, Jiminy Cricket ou Clochette mais pas loin du tout. Son caractère de petit teigneux a su lui donner une place de choix parmi les chouchous des fans.
Si la relation entre un alien et un humain a déjà été vue par le passé (est-ce nécessaire de citer E.T. L'Extra-Terrestre?), l'approche qu'en font Chris Sanders et Dean DeBlois est toute fraîche, l'enfant et la bestiole étant tous deux plus uniquement des solitaires mais surtout des sales pestes souffrant chacun à sa manière de leur passé. L'une cherche à l'oublier, l'autre n'en possède pas. Si leur alchimie est aussi bonne c'est grâce à un troisième intervenant, la grande sœur, Nani.
À travers cette situation compliquée, Disney évoquent tous les problèmes d'une famille en restructuration. Les deux sœurs connaissent les difficultés financières, les licenciements, l'adaptation dans une communauté différente, le drame est poignant tellement ces personnages sont écrits avec réalisme, passant par les disputes et les réconciliations toujours naturellement.
Le choix de placer l'action à Hawaï (et non pas au Kansas comme ça devait l'être à l'origine) est génial. Cet archipel américain, mélange de cultures colle parfaitement au thème du film. Un endroit paradisiaque isolé où s'accouplent les danses traditionnelles et l'esprit états-unien. Sujet représenté jusque dans l'animation, les décors hawaïens étant peints à la main (grand retour du studio à l'aquarelle), les éléments culturels non-fictifs en images réelles (la photo d'Elvis Presley) tandis que les technologies extra-terrestres bénéficient des images de synthèses.
Film d'animation très moderne sentant le passage à un nouveau siècle, Lilo et Stitch n'en oublie jamais sa façade classique combinant subtilement humour et émotion, il offre à Walt Disney Feature Animation son premier extra-terrestre et reste encore de nos jours le Classique Disney le plus intimiste et le plus réussi dans sa description d'une vie intérieure. Une jolie réussite.