Baume aux coeurs
Quel charme étrange que celui de Linda Linda Linda. Etrange comme ce concept de feel good movie mélancolique. Etrange comme la capacité de Nobuhiro Yamashita à nous coller un sourire grand comme ça...
Par
le 12 nov. 2016
6 j'aime
En lisant le synopsis, je m'attendais une espèce de Pitch Perfect nippon; un teen movie un peu déjanté qui suit les coulisses électriques d'une fête de fin d'année avec un concert survolté à la clé. J'étais à mille lieues de la vérité !
Linda Linda Linda dégage une ambiance très mélancolique pleine de subtilité. Nous suivons donc un groupe de punk rock 100% féminin qui avait prévu de jouer quelques morceaux pour le festival de l'école. Problème, la guitariste s'est cassé un doigt lors d'un cours de sport. L'organisation de la bande se chamboule, les rôles s'interchangent et une nouvelle venue fait son apparition, Song, une Coréenne qui parle difficilementle japonnais, mais qui se voit attitrée la place de chanteuse.
Le travelling du début donne le ton. Il longe très calmement un couloir et nous offre une vue sur les classes fourmillant de lycéens en pleins préparatifs. Le film parvient très vite à nous imposer ce rythme lent et attire de facto notre attention sur chacune de ses petites accélérations.
La toile de fond du concert n'est en fait qu'un prétexte pour mettre à nue ces quatre adolescentes traversant leurs derniers instants de vie lycéenne. On éprouve très vite beaucoup de compassion pour la bande. Le film traite des "barrières" qui viennent paralyser leur existence : l'incapacité de Kyoko à exprimer ses sentiments, la timidité maladive de Nazumi, le sale caractère de Kei et la barrière linguistique de Song. Au fil des répétitions, le groupe va se souder par petites touches. Si le film reste avare en dialogues, les regards, les gestes et les rares attentions regorgent d'éloquence.
Le réalisateur n'hésite pas à isoler ses sujets, même lorsqu'ils sont entourés, renforçant ainsi un sentiment de solitude. Certains passages sont tellement embarrassants qu'ils deviennent drôles à leur insu. On ne se moque jamais méchamment, on s'amuse toujours avec un regard attendrissant. Mention spéciale pour Bae Du-na (Sense8, Cloud Atlas,...) , l'interprète de Song, qui est exceptionnelle dans son rôle d'étrangère un peu déconnectée des événements.
Le final explosif conclut parfaitement le film. Nous sommes au diapason avec le lâcher-prise de la bande. Nous vibrons avec la musique survoltée.
Linda Linda Linda est surprenant à plus d'un titre. Le magnétisme qu'il dégage et le portrait quasi naturaliste qu'il dessine sont vraiment impressionnants. Une histoire simple, sobre, et débordante de vie.
Créée
le 29 mai 2016
Critique lue 650 fois
10 j'aime
D'autres avis sur Linda Linda Linda
Quel charme étrange que celui de Linda Linda Linda. Etrange comme ce concept de feel good movie mélancolique. Etrange comme la capacité de Nobuhiro Yamashita à nous coller un sourire grand comme ça...
Par
le 12 nov. 2016
6 j'aime
Ce n'est pas un teen movie, ce n'est pas un drame adolescent avec du pathos, de l'ijime (maltraitance / harcèlement scolaire) et des hikikomori (les reclus-recluses), ce n'est pas non plus Strip...
Par
le 21 août 2013
5 j'aime
3
Le jubilatoire Waterboys (Yaguchi Shinobu, 2001) avait ouvert la voie à un genre de film mettant en scène la marche d’un groupe de lycéens (ou lycéennes) lambda vers l’épanouissement à travers une...
le 14 avr. 2015
5 j'aime
Du même critique
À peine sortie et déjà enterrée par la critique, Marseille a déjà fait couler beaucoup d'encre. "Navet", "nanar", "accident industriel", "bouse", "naufrage",... toutes les joyeusetés ont été de...
Par
le 5 mai 2016
26 j'aime
5
2016, année blafarde du côté des grosses productions pop-corn. 2016, année riche en tentatives pitoyables de damage control. Entre les dénonciations de complots journalo-maçonniques, les insultes et...
Par
le 5 août 2016
25 j'aime
7
Ben voilà ? Enfin ? Est-ce qu'on va pouvoir dire que les Coréens ont mis Hollywood en Position Latérale de Sécurité ? Presque. Le film est plutôt bon, mais il y a toute même quelques parts d'ombre au...
Par
le 18 août 2016
21 j'aime
5