Là où Linda veut du poulet ! se démarque rapidement, c’est par l’énergie que ce film dégage. Cela se remarque déjà par son style graphique atypique. Les traits des dessins sont vivants, permettant une instabilité visuelle intéressante. Les couleurs sont marquées, et servent à mettre en valeur différents éléments importants. Cette originalité est véritablement pétillante. Cette touche de vie se ressent également dans l’histoire. Le film ne se pose jamais pour attiser l’attention du spectateur.
Pour autant, malgré cette énergie palpable dans le récit, on sent une touche attendrissante. Cette recherche absolue d’avoir du poulet sur la table n’est qu'une excuse pour se rapprocher du souvenir du père. Il est la madeleine de Proust qui relie la mère et la fille au défunt. Au fur et à mesure que Linda s’éloigne ou se rapproche de ce poulet, une certaine émotion née en nous. On vibre avec de cette enfant qui veut retrouver son père le temps d’un repas.
La force de ce film d’animation vient de sa capacité à mobiliser petits et grands. Nous sommes devant une œuvre destinée à la famille. À travers les yeux de Linda, le récit parle donc aux enfants avec une certaine touche d’humour même s’il est parfois teinté de mélancolie. Pour autant, des messages plus sérieux stimulent aussi les adultes. L’aspect social occupe une place importante. L’histoire se déroule durant une grève générale mettant en avant l’importance du collectif. C’est d’ailleurs lui qui est de plus en plus mis en avant avec cette quête du poulet. Les habitants du quartier auront donc une place bien particulière.