Pour moi, il est toujours un peu difficile de noter et "critiquer" des oeuvres de cette période, pas à cause du fait qu'elle sorte tellement de "l'ordinaire", mais parce qu'elle est hors-temps, à des années-lumières des "modes" et techniques d'aujourd'hui, créant un décalage à la fois fascinant et repoussant.
Naissance D'Une Nation exerce sur moi les mêmes effets, raison pour laquelle je repousse toujours, après pourtant quelques années de conservation bien au chaud, son visionnage. C'est une véritable plongée dans une autre perception, cette caméra figée, ce surjeu, ces improbables panneaux déroulant les dialogues et les évènements, cette musique omniprésente...
C'est d'autant plus usant quand, ici par exemple, ce qui est raconté ne représente pas grand chose - ou peut-être n'ai-je pas tout compris... Je ne suis qu'un être humain, un peu vaporeux certes, mais tout de même. Or donc, de ce que j'en ai compris, ce film raconte l'histoire d'une femme dont l'oncle meurt. Elle se retrouve en prison puis en sort, son errance commençant alors, au hasard de ses pérégrinations et de ses rencontres.
Allez, ce n'est pas désagréable. Mais pour être franc, la musique est lassante malgré ses tentatives pour varier le ton. Le réalisateur a trop tendance à utiliser les panneaux noirs pour tout surligner, oubliant de s'appuyer sur sa mise en scène. Les coupes au montage sont foireuses - nous n'avons pas le temps de voir (et d'apprécier, peut-être) certains plans (l'une des raisons étant probablement que la restauration a sauvé ce qu'elle a pu, ce qui en soi n'est évidement pas imputable au réalisateur).
Alors l'histoire se suit sans trop de mal, c'est bien raconté, sans génie. Sans âme. Un gros manque qui fait que, bon, c'est acceptablement oubliable.