Personne n’a le monopole de la souffrance dit un des personnages du film. Et au Liban, pays déchiré par 15 ans de guerre civile de 1975 à 1990, c’est encore plus vrai qu’ailleurs. Les blessures d’autrefois sont encore bien vivaces, d’autant qu’il n’y a pas eu de possibilité d’exprimer sa douleur pour les victimes des affrontements. La loi d’amnistie générale de 1990 a remis les compteurs à zéro, mais chacun est resté avec ses rancoeurs.
Alors quand un chrétien libanais et un palestinien se querellent pour une banale affaire de gouttière qui coule dans la rue, ça opére comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase et met le feu aux poudres.
Dans L’insulte, sans manichéisme, avec parfois de l’humour, on en apprend beaucoup sur l’histoire du Liban de ces 40 dernières années. Pour les néophytes qui découvrent ce pays, il y a pas mal d’informations à intégrer, mais en étant attentif, on y arrive très bien.
Les personnages sont biens campés, le rythme est dynamique et les griefs de chacun sont relatés de manière équilibrée grâce à des scènes de procès où les avocats de Yasser le réfugié palestinien et de Toni le chrétien libanais savent se montrer incisifs sur les reproches d’un camp envers l’autre et éloquents dans leurs défenses.
Dans un élan humaniste, Ziad Doueiri appelle à la réconciliation nationale. Pour ce faire il met en avant les moments noirs de l’histoire du Liban (notamment à l’aide d’images d’archives) pour qu’une page puisse être tournée et qu’enfin le Liban puisse vivre son avenir sereinement.
L'insulte a obtenu le prix d'interprétation masculine à Venise pour Kamel El Basha et est nominé aux Oscars en tant que meilleur film étranger.