Je craignais beaucoup de ce film par peur de le voir, et le spectateur avec, plongé dans une espèce de sirupe de luxe comme savent faire les grandes majors d'Hollywood. Pas de condescendance, une émotion bien maitrisée et des acteurs au top viennent balayer ce préjugé.
On est jamais mieux servi que par soi-même, et l'Inde (qui n'est pas que "Bollywood") nous a offert ces dernières années quelques pépites, dont le réalisme est toutefois plus probant. On pense bien sur à "Salaam Bombay" qui relaie avec âpreté la vie des enfants perdus ou abandonnés dans les grandes cités de ce pays. Récemment Umrika ou encore "Titli, une chronique indienne" touchaient avec grâce à des thèmes similaires (amour fraternel, précarité, injustice, perte de l'être cher...) laissant de la société indienne un portrait assez dur, mais où l'espoir d'un ailleurs, d'un meilleur, est omniprésent.
Bien évidemment ce qui fait la spécificité de "Lion" est cet incroyable récit de Saroo (c'est une histoire vraie), ce petit garçon perdu qui après bien des pérégrinations finira par être adopté par un couple d'Australiens et qui à l'âge adulte ne se remettra jamais tout à fait d'un tel traumatisme. Si l'on fait abstraction de quelques longueurs et de cette musique pour le moins envahissante, le film se tient et plutôt bien du reste. La mise en scène est alerte, bien équilibrée et le tout soigné.
Mais ce qui le porte à une franche sympathie et le rend touchant, ce sont les acteurs. Nicole Kidman et Priyanka Bose, les "mères" dans des rôles discrets sont parfaites, Dev Patel radieux et plus que convaincant mais ce sont Abhishek Bharate (le frère de Saroo) et surtout Sunny Pawar (Saroo jeune) qui impressionnent. Sunny Pawar haut comme trois pommes et déjà un acteur accompli, il sait se poser, provoque l'émotion, il irradie l'écran !
Il serait dommage de se priver d'un tel plaisir cinématographique, certes lisse et tout propre sur lui, mais franchement convaincant et attendrissant.