A la fin des années 1960, Jacques Demy part à Hollywood réaliser Model Shop, et sa compagne Agnès Varda le suit, également pour réaliser un film, qui est plus axé sur le mouvement hippie, et autant dire que pour en parler, c'est très difficile.
Car ça raconte une multitude d'histoires, dont celle de deux garçons et une fille qui sont des hippies, qui forment un couple dans une maison située à Hollywood, et qui profitent du bon temps, en étant le plus souvent à poil d'ailleurs, qui s'amusent à rejouer des morceaux d'une pièce de théatre qu'ils viennent de voir. Au même moment, on assiste à l'arrivée de la réalisatrice Shirley Clarke à Los Angeles, en vue de réaliser un film dont les tractations avec le Studio vont être très difficiles sur le droit d'accorder ou non le montage final. Et tout cela sur fond d'assassinat de Robert Kennedy, que tout le monde découvre en direct.
Il en résulte un film incroyablement décousu, dont je n'ai quasiment rien compris, qui a l'air de s'être réalisé au jour le jour, laissant les acteurs parler de tout et de rien, eux qui sont des égéries d'Andy Warhol, et qui peut se révéler incroyablement pesant pour qui ne connait pas l’œuvre d'Agnès Varda. Car on y trouve malgré tout son empathie pour ces jeunes gens à la crinière de lion, où l'amour est au centre de leurs préoccupations, et qui se méfient du mensonge que pourrait être la télévision. Ces scènes ressemblent d'ailleurs à du collage ; on touche même au cinéma expérimental à la Godard.
Ce que je retiens, ce sont deux scènes ; l'une, où Shirley Clarke se met à craquer en pleine prise, se demandant ce qu'elle tourne, et qui va forcer Agnès Varda à prendre sa place durant quelques minutes le temps qu'elle reprenne ses esprits. Quant à la deuxième, c'est tout simplement un plan sans coupe d'une dizaine de minutes où chacun des trois hippies parle face caméra, et parlant avec Agnès Varda, de l'expérience que fut ce tournage, avec un très long moment sur Viva, la jeune femme, où la caméra semble subjuguée par sa beauté, et qui conclura le film, faute de pellicule dans le chargeur. Car il n'y a pas de fin.
Mais comment en pourrait-il être autrement sur un film qui à la base est déjà à la limite de l'incompréhensible ? Mais il y a des plans saisissants sur le Los Angeles de cette époque, une visite des principaux Studios, et je le répète, une captation d'une époque dont on peut en ressortir complètement insensible.