Réalisé par Agnès Varda, Lions Love est un film de 1969 qui reflète tout à fait l'esprit de son époque aussi bien dans sa forme très expérimentale (dialogues surréalistes semi-improvisés, caméos improbables de la réalisatrice...) que dans son fond (transgressif et teinté de politique).
Pour ne pas passer à côté du film, on peut rappeler que le titre, d'après le livre Varda par Agnès (Cahiers du cinéma), devait être Lions Love and Lies, le thème du rapport à la vérité étant central dans le film. Ce titre n'a pas été retenu car il révélait trop rapidement le propos, mais plus de 50 ans plus tard, on peut sans doute se permettre de le révéler pour éclairer la lecture de l’œuvre après son visionnage. Le thème est assez facilement repérable malgré tout : dans les dialogues, dans le décors (les faux fruits et les fausses plantes de la maison des personnages principaux), le faux est omniprésent et on s'interroge sur ce monde hollywoodien dont la seule réalité est la fiction.
Le phénomène soi-disant récent des "fake news" est aussi évoqué à l'occasion de la phase plus politique du film où les personnages suivent à la télévision les rebondissements de la campagne du sénateur Robert Kennedy puis de son assassinat qui serait, selon une théorie du complot, signé du Ku Klux Klan par les noms des trois personnes tuées successivement : Kennedy, King, Kennedy.
Si Lions Love peut être rapproché des films de la Nouvelle Vague de la même période, on trouve bien souvent dans ces dites œuvres beaucoup plus d'audace que dans des films actuels, qui rendra certainement le visionnage pénible pour certains mais qui mérite le petit effort qui vous fera apprécier toute la nouveauté qui réside, encore aujourd'hui, dans les mouvements artistiques des années 1960.