Ce film à l'air de faire l'unanimité en sa faveur, certainement pour de très bonnes raisons qui m'échappent totalement. Je ne suis pas du tout entré dans l'histoire. Les personnages sont introduits sans qu'on ne soit vraiment concerné par leur destin. L'évasion du début, la proposition de casse par le gardien... rien n'est fait pour que le spectateur se sente concerné par ces évènements et les personnages qui les vivent.
La froideur glaçante est évidemment un choix qui ne peut être critiqué en tant que tel : il serait stupide de demander de voir la Grande vadrouille alors que Melville veut justement cette ambiance glaciale. Simplement, la monotonie du jeu qu'il demande aux acteurs et qui pourrait soutenir un propos grave et solennel, s'accompagne ici de dialogues plats et d'un scénario qui, excusez-moi, m'a paru vraiment ridicule par son invraisemblance.
L'inventivité du scénario se limite à donner des coups de chances impossibles à ses personnages, du contrôle du coffre sans encombre (bah oui, le coffre ne s'ouvre pas, on va le laisser passer, tiens, ça c'est la bonne idée...) à la bêtise des voleurs qui se jettent dans la gueule du loup à la fin, en passant par la salle des bijoux ultra-sécurisée mais qui a une jolie petite fenêtres qui donne juste dans les toilettes pour y accéder et dont tous les systèmes de sécurités sont branchés sur le même circuit.
Le personnage joué par Montand a une évolution qui aurait pu être intéressante avec son alcoolisme qu'il traite en reprenant du service, sauf que l'on passe d'une scène de delirium tremens à la scène suivante où il déclare "jamais d'alcool" sans qu'on ne voit un quelconque chemin pour arriver à ce résultat impressionnant.
Pour ce qui est de l'image, il y a évidemment une symbolique entre les nombreuses scènes dans une nuit quasi complète et les brusques passages à la lumière, qui sont une bonne idée en soi, mais qui ne m'ont pas paru utilisées de façon très marquante. Mais ça reste une bonne intention.
Le point sans doute le plus ridicule du film, qu'on peut en partie expliquer par les stéréotypes de l'époque, est son traitement des personnages féminins. La première apparition d'une femme à l'écran est une photographie, ce qui place d'emblée la femme comme objectivée. La seconde apparition n'aurait aucune chance d'être récompensée par un prix du meilleur costume. Les autres apparitions sont essentiellement les danseuses et hôtesses de cabaret avec, il faut le noter, une variante de représentation de cabaret exotisante.
Je n'ai rien contre les films sérieux mais j'ai eu ici plus l'impression d'un film qui se prend au sérieux, certainement du fait que les astuces scénaristiques ne m'ont pas convaincues car elles me semblaient trop téléphonées. Ce décalage entre le sérieux inébranlable et les grosses ficelles pour faire avancer l'histoire est certainement la clé de l'impression de ridicule que m'a laissé le film. J'ai lu des critiques positives (qui sont nombreuses) mais cela ne m'a pas fait changer d'avis.