Faire un documentaire sur un tel personnage relève de la gageure, dans le sens où tout semble avoir été dit, aussi par d'autres films que des livres, ou ses propres mémoires (Les chansons que me chantait ma mère), alors il a fallu trouver un autre angle d'attaque.
Et c'est par la parole-même de Marlon Brando, qui se confiait beaucoup en se parlant au magnétophone ou via des séances d'auto-hypnose, qu'on aura droit sans doute au documentaire définitif sur l'homme et l'acteur.


Pour les connaisseurs de l'acteur, ils n'apprendront pas grand chose de plus, sur ses conflits avec son père, l'application de la Méthode dans ses rôles, ses divers engagements politiques envers les Noirs ou les Améridiens, et bien entendu sa vie privée tumultueuse, dont le tragique sera le suicide de sa fille, Cheyenne, lors d'un sordide fait-divers au début des années 1990.
On sent l'acteur épris de libertés, qui voulait de moins de moins faire de films, ou alors avec des cachets exorbitants (14 millions de dollars pour 12 jours de tournage sur Superman !), l'argent ramassé lui permettant de vivre comme bon lui semble, profiter de la bonne chère, d'acheter un atoll sur Tahiti, bref, se libérer de toute contingence. Comme je le disais, le documentaire est entièrement narré par Marlon Brando à différents âges de sa vie, mais je sens parfois comme une malhonnêteté dans la direction menée par le réalisateur, à savoir faire dire quelque chose par l'acteur, mais à deux époques distinctes, de sorte à ce que ça forme une phrase cohérente. Sauf que cela s'entend par le son de la voix... Du reste, si Brando parle beaucoup de lui-même, parfois sous forme de confession, le cinéma n'est en fin de compte que peu abordé, sauf à en parler par-dessus la jambe, ou à démolir ce qu'il a fait (Candy étant pour lui son pire film), Francis Ford Coppola en prenant pour son grade durant Apocalypse Now. Il revient aussi sur Le dernier tango à Paris, film qu'il n'a pas aimé, car il pense que Bernardo Bertolucci lui a demandé d'improviser sur des moments tirés de sa propre vie, en particulier en ce qui concerne son propre père, un homme violent et alcoolique.


Pour un homme aussi secret que Marlon Brando, j'ai l'impression que la boite de Pandore s'est ouverte depuis son décès en 2004, et qu'on sait quasiment tout de lui. C'est aussi le cas de ce documentaire en fin de compte, qui rajoute une pierre à l'édifice post-mortem, mais c'est aussi l'occasion de revoir plusieurs scènes marquantes, dont bien entendu Le parrain, où la mort du Don sera aussi la conclusion de Listen to me, Marlon. Je ne le recommanderais surtout qu'aux gens qui ne connaissent Brando qu'à travers ses films.

Boubakar
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le 1 sept. 2020

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