C'est toujours agréable de découvrir, même tardivement, un auteur. C'est également toujours agréable d'avoir une vraie proposition de cinéma, un regard, une écriture, une mise en scène et des interprètes justes.
J'ai été sensible à cette histoire froide et honnête, allant foncièrement à l'encontre de ce que les habituels divertissements américains nous livrent. Le propos n'est pas révolutionnaire mais il est juste et très bien dit. Je trouve que le film rejoint les grands romans sur la petite bourgeoisie américaine des banlieues cossues. On est pris dans la vie de ces hommes et femmes que jamais l'auteur ne juge, ne moque ou ne ridiculise. La fin, haletante, est un constat terrible: rien ne changera jamais. Chacun rentrera sagement chez soi et retrouvera la place qui lui a été assigné car ils ne sont pas des grands héros et héroïnes de roman à la Emma Bovary. Non, ils sont de simples banlieusards friqués qui vont retourner à leurs névroses dans leurs belles et grandes maisons.
L'aventure aura été belle. Les seuls, au fond, qui se retrouvent et tentent de changer, épuisés par cette vie d'outcasts, sont les deux parias du film. Les "freaks" ont alors bien plus en commun qu'ils ne le pensaient. Rejetés par tous, incapables de trouver une place que personne ne leur offrira, ils n'ont d'autre choix que d'aller au bout d'eux-mêmes.
L'ordre, la bienséance, la propreté et les pelouses bien tondues triomphent.