Little children donne à nouveau à Kate Winslet une occasion de jouer les mères au foyer brisée par la monotonie du quotidien. Ici, en plus de la façon dont elle considère sa fille (comme un gnome vampirisant son énergie), elle étudie les autres mères au foyer, et la façon dont elles gèrent leur écrasant quotidien par une platitude réflexive totale et une lecture plus ou moins rigide de la façon d’apporter du piment à sa vie. Elle se rapproche alors d’un père au foyer, responsable et qui possède quelques regrets de jeunesse, notamment celui de s’être impliqué trop dans ses études et sa vie professionnelle, sans avoir profité de ses jeunes années. Le récit est principalement centré sur eux, et même si les détails sont justes et révélateurs de leur solitude, bon dieu que c’est chiant. Malheureusement pour le film, une fois qu’on commence à être rodé sur le sujet, il n’apporte plus grand-chose à ce niveau là. Heureusement, il y a le pédophile hantant le quartier. Dès sa sortie de prison et son retour dans la maison maternelle, il est constamment harcelé par le voisinage, voit sa figure plaquée sur tous les arbres par des bénévoles soucieux de bien faire et n’a plus le droit de fréquenter les lieux publics à haute concentration en gamins. Il se trouve dans une prison à ciel ouvert, où seule sa présence maternelle a quelque chose de réconfortant. Le film charge un peu la mule quand il met en scène sa déviance (la scène de masturbation en voiture, qui n’était pas vraiment nécessaire dans le contexte où elle se déroule), mais sa volonté de redonner au personnage une décence et une nature humaine est évidente. D’ailleurs, la fin est une invitation ouverte à officialiser cette réhabilitation, malgré la tournure dramatique des évènements. Et en cela, le film avait un certain courage. Mais plusieurs détails se révèlent ratés. Le premier étant cette voix off insupportable qui nous explique tout alors qu’on peut très bien comprendre en regardant jouer les acteurs, et que les trajets de nos principaux protagonistes n’ont finalement pas énormément d’intérêt au vu des personnages secondaires. Pour le reste, oui, Little Children illustre une certaine notion de la Vie, et se révèle noble de cœur. Il en fallait un peu plus pour mériter une bonne note, mais l’effort est remarqué.