Little Glory, de l’enfant à l’adulte
Film belge tourné à l’étranger dont le casting est intégralement composé d’acteurs anglophones, Little Glory effleure notre sensibilité et bouscule nos jugements de valeurs.
Pour un critique de cinéma, Little Glory fait partie des quelques films qui attirent par leur originalité. De fait, ce film est réalisé par un réalisateur belge, Vincent Lannoo, mais les acteurs sont, eux, anglophones. Ne manquait plus qu’une histoire axée sur un drame familial pour nous conforter dans l’idée que l’on allait assister à un film à la belge tourné à l’américaine, c’est à dire un film lent, triste, noir mais nourri de plans larges et de qualité technique. Pourtant, ce jugement de valeur n’est pas justifié car Little Glory est assurément un film intelligent, touchant et agréable à regarder.
Le cinéaste bruxellois nous revient avec un long métrage pour le moins étonnant après le très discret Vampires. Ce nouveau film à la fois tendre sur le fond et violent dans sa présentation nous touche de plein fouet. Cette histoire d’amour et de haine entre un frère et une soeur nous renvoie vers notre propre enfance et nous montre toute la complexité de la vie mais surtout la relation délicate que peut entretenir avec autrui une personne issue d’un milieu familial chaotique.
Shawn fait partie de ces gens. À 19 ans, meurtri par la mort de sa mère et un peu perdu face au décès récent de son père alcoolique, il se voit contraint de se gérer seul mais surtout de devoir s’occuper de sa plus jeune soeur en attendant la décision du tribunal de la jeunesse sur l’avenir de celle-ci. Le personnage de Shawn n’est pas des plus responsables et est même loin d’être un exemple pour un enfant. Dans un contexte que l’on peut qualifier de désastreux, la réalisation nous oblige à travailler sur nos jugements en nous dévoilant toute la complexité de ce diptyque familial. En effet, les comportements puérils du jeune homme contrastent avec la maturité exemplaire de sa jeune cadette. De nombreux actes pourraient être blâmés voire même punis, mais pourtant, on se lie d’affection avec Shawn et on lit dans son regard et dans son passé toute l’innocence d’un post-adolescent à qui la vie n’a pas fait de cadeau. De fait, en tant que spectateur, on arrive à excuser la maladresse de ce jeune homme mais également à pardonner son ignorance. Comment faire pour trouver l’agneau caché derrière le masque du loup, l’homme derrière l’enfant ? Il fallait s’appeler Vincent Lannoo.
Mais si Vincent Lannoo a réussi son film, ce n’est pas sans l’aide précieuse de deux jeunes acteurs à l’avenir prometteur. Effectivement, Cameron Bright et Isabella Blake-Thomas sont époustouflants et tiennent à eux seuls le film sur leurs frêles épaules. Le premier cité est certainement occupé à lancer sa carrière après avoir incarné le rôle secondaire d’Alec dans la saga à succès Twilight. D’une profondeur émotionnelle médusante, son jeu d’acteur transpire un professionnalisme rare à son âge. Incarnant de manière juste le protagoniste principal du film, il est la clé de voûte de l’histoire. Une prestation cinq étoiles qui ne le serait pas sans la qualité du jeu de sa comparse Isabella Blake-Thomas. Du haut de ses neufs printemps, la jeune actrice est bluffante, épatante et poignante. Une découverte magistrale.
En résumé, Little Glory est un film touchant et surtout très bien réalisé. C’est ce genre de long métrage qui donnera envie au public de voir un film belge. Malgré cela, on notera quelques passages trop lents et un scénario un peu prévisible. Un drame à voir.
Matthieu Matthys