Danse macabre
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le 20 janv. 2017
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Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Ben Affleck portait à l’écran un roman de Dennis Lehane, Gone Baby Gone. Celui qui allait connaitre le succès derrière la caméra par la suite avec The Town puis Argo marchait dans les pas de Martin Scorsese ou Clint Eastwood, excusez du peu, les deux maitres ayant porté à l’écran respectivement Shutter Island et Mystic River. Pour son nouveau long lui permettant de prendre congé de l’univers de Batman, Affleck retrouve donc Lehane en portant à l’écran Live by Night.
Mais il s’y casse les dents.
Le film s’ouvre par un premier acte nerveux et réussi, se déroulant à Boston à la fin des années 1920. Joe (Ben Affleck) veut se faire une place dans le monde du banditisme et « vivre d’illégalité » sans pour autant devenir un mafieux. Il commet des braquages avec plus ou moins de succès et finit dans les bras d’une jolie blonde. Malheureusement pour lui, elle couche également avec le parrain irlandais local et finira par le trahir alors qu’ils s’apprêtaient à fuir au soleil. Quelques années plus tard, après un passage sous les verrous, Joe s’allie au rival de l’Irlandais, un parrain italien qui lui confie le trafic de rhum en Floride (on est en pleine prohibition). Non content de monter son business, il espère pouvoir mettre la main sur l’Irlandais et lui faire payer tout ça.
La première partie du film à Boston est particulièrement réussie. Affleck prend du plaisir à filmer sa ville il y a près d’un siècle et s’offre une fusillade en vieilles bagnoles aussi rythmée que prenante. Malheureusement, l’enthousiasme que le spectateur peut ressentir pendant ces premières minutes va vite laisser place à l’ennui, tant le rythme devient aussi lent que la vie sous le soleil de Tampa en Floride. Ben déroule les pages du roman de Lehane et ne cherche manifestement jamais à adapter ni à couper. Le temps semble s’étirer à la vue des multiples sous-intrigues parfois totalement inutiles visant à montrer l’installation de Joe dans le monde des « affaires ». Ainsi, tout l’acte avec Elle Fanning pourrait être coupé du récit tant il n’apporte rien à l’intrigue. D’autant que le spectateur aimerait bien voir le héros prendre sa revanche sur le grand méchant montré au début de l’histoire, ce qui finira quand même par arriver lors d’une grande fusillade de fin qui nous permet de nous sortir de la torpeur. Mais là encore, alors qu’il aurait fallu rapidement conclure, le film cherche à offrir des épilogues à chacune des sous-intrigues.
Techniquement, le film est carré. Affleck enchaine les jolis plans. Robert Richardson, le directeur de la photo ayant bossé avec Martin Scorsese et Oliver Stone, fait du bon boulot et les seconds rôles sont exemplaires, surtout Chris Messina devenu méconnaissable pour le rôle. Mais le réalisateur se focalise trop sur un acteur principal qui a du mal à montrer des émotions face à la caméra. Affleck filme Ben. Beaucoup trop. Et le comédien n’est pas à la hauteur pour le rôle, au point que certains passages sont gênants. Son aspect « monobloc » est idéal pour incarner Batman. Mais Live by Night demande de la nuance et l’acteur n’arrive jamais à en apporter.
Le film se prend une volée de bois vert justifiée au box office. Propre, il est malheureusement victime du syndrome de ces cinéastes qui veulent absolument mettre l’intégralité d’un gros bouquin dans leur film, oubliant le sens du mot « adaptation ». Un mauvais pas dans une carrière de cinéaste qui était bien tracé. En espérant que ça soit le seul.
Critique initialement publiée sur CloneWeb.net
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Créée
le 17 janv. 2017
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