Pas facile de faire du cinéma de genre en France. Un constat amer largement partagé par une nouvelle génération de cinéastes (Pascal Laugier, Xavier Gens… et les duos Dahan/Rocher, Palud/Moreau …). Pour en comprendre toutes les raisons, financières ou artistiques, je vous renvoie au très bon documentaire de Xavier Sayanoff et Tristan Schulmann : « Viande d’origine française », dans lequel les deux réals ont l’occasion de s’exprimer. Mais, passées toutes les excuses économiques, il reste un film : ce Livide. Une jeune stagiaire médicale découvre l’existence d’un « trésor » dans la baraque d’une vieille comateuse, et se met en tête de le trouver, le soir d’Halloween (pour reprendre une expression offusquée chère à l’atroce personnage de copain marin : « t’es sérieux là ? »). Une intrigue fine comme une feuille à rouler, qui ne réserve pas vraiment de surprise. Bon, c’est un film d’horreur, on veut bien.
Le souci, c’est que ce scénario qui ne pèse déjà pas bien lourd est douloureusement appuyé par des dialogues explicatifs dignes du pire téléfilm. On serait tentés de blâmer les acteurs, qui rivalisent de nullité (mention spéciale à Félix Moati, que l’on a envie d’encastrer dans un mur dès ses premières paroles), mais le problème réside surtout dans le travail d’écriture. Personne ni rien ne sonne juste, et la perspective de voir crever toute cette petite troupe devient rapidement plus agréable qu’angoissante. Un constat assez similaire pour l’héroïne, interprétée par Chloé Coulloud, plutôt convaincante lorsqu’elle trimballe sa moue et ses faux airs de Scarlett Johansson mais très crispante dès qu’elle ouvre la bouche.
Des défauts qui flinguent rapidement toute tentative d’immersion, même de très bonne foi.. Mais tout n’est pas si noir ; les deux réalisateurs d’A l’Intérieur savent clairement tenir une caméra. Une photographie glaciale et une maîtrise esthétique globale qui sauvent le film de la débâcle complète. On regrettera par contre un manque de rythme flagrant (et pas seulement dans la première partie) et peut-être une certaine timidité dans le traitement des mythes convoqués. Pourtant, on sent une véritable envie de cinéma derrière cet essai manqué. Pour la prochaine fois, un bon dialoguiste, ce serait vraiment pas du luxe. Et pour reprendre subtilement le (non moins) subtil Mike Myers dans Wayne’s World, si je revois Félix Moati « j’vais chier sur la moquette ».