Je me souviens avoir déjà dit que le déclin de Kim Ki-duk avait commencé avec Samaria. Son Bad Guy ne m'avait pas totalement convaincu non plus et voilà qu'arrive Locataires pour contredire ce que je pense du cinéaste coréen. D'autant que j'avais adoré son Printemps, été, automne, hiver et... printemps.
Le film raconte une histoire d'amour très originale et contée de la même manière. D'autant que l'oeuvre peut être vue de plusieurs façons. C'est l'histoire donc d'un homme qui rentre dans les maisons, y loge, ne vole rien, fais les tâches ménagères pour s'acquitter du squat qu'il fait. Un jour, il pénètre une maison où la femme est battue par son mari. Tae-suk vit comme un fantôme. Sans domicile fixe, il ne laisse pour ainsi dire aucune trace d'où il passe. L'ambiguïté règne. Est-il réel, est-il un rêve? Cet homme tend à devenir presque invisible pour les autres. Les séquences dans la prison viennent conforter cet avis. Il tente de prendre le même chemin que le gardien de faire les mêmes pas. Tout cela pour devenir totalement invisible pour quand il ressortira de prison et qu'il puisse vivre caché dans la maison de la femme battue. Dans ce dernier cas, on ne sait si la femme ne se met à rêver ou non. On ne sait avec qui elle vit l'amour. La fin est magnifique pour cela.
Je me souviens aussi d'un Kim Ki-duk qui avait des tendances parfois très misogynes. Ce n'est vraiment pas le cas ici et cette histoire de femme battue tente à prouver que le metteur en scène ne l'est pas. L'homme a le mauvais rôle. C'est aussi une critique de cette société coréenne qui est encore très patriarcale. La violence dans les couples est abordée avec beaucoup d'humilité mais aussi de manière subtile. La mise en scène est très poétique, jouant énormément sur les silences. Les deux amoureux ne se parlent pratiquement jamais. Le début de l'oeuvre est quasiment muette. Le personnage masculin ne dira jamais rien. Tandis que la femme dira ses premières paroles avec un cri et ensuite ce sera un "je t'aime". L'ambiance que parvient à créer Kim Ki-duk est incroyable et une nouvelle fois envoûtante. Sur la forme, le cinéaste sait toujours créer quelque chose même si dans certaines de ses oeuvres il a parfois manqué de recul.
Cet amour est montré sous une forme de rituel aussi. Et comme c'est un rituel, c'est très répétitif au début avec des séquences qui se répètent de la même manière. Donc ça donne un côté qui est parfois longuet mais ce n'est rien de grave car on se laissera totalement transporté par le film du cinéaste coréen, prouvant de la sorte qu'il est vraiment capable du meilleur. Actuellement mon film préféré de ce metteur en scène.
batman1985
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le 6 mai 2011

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