Je déteste Kim Ki-Duk, je le hais, il m’exaspère, il m’est infiniment antipathique, je le méprise de toute la force de mon âme encore pure qu’il essaie en vain de souiller à chacune de ses terrifiantes tentatives pour ridiculiser aux yeux du monde entier un art qui le dépasse du premier au dernier plan.

Je déteste Kim Ki-Duk parce que j’ai vu un jour l’île, acclamée d’ailleurs comme il se doit par la critique misérable habituelle, et que dans l’île se trouvaient tout ce qu’il y a de pire au cinéma, une absence de scénario, une poésie artificielle lourdement assénée, des plans redondants pour convaincre jusqu’au dernier demeuré mental susceptible d’avoir raté les douze premières fois, une esthétique insignifiante, et une fadeur sans nom, celle qui vous empêche même de foutre une vraie sale note tellement ça n’en vaut pas la peine.

Malgré tout, emporté par l’enthousiasme de certains de mes éclaireurs, je tente celui-là qu’on m’a promis différent. Hélas, tous les défauts du bonhomme restent bien présents, c’est juste un tantinet moins pénible avec une première partie qui se laisse presque regarder agréablement, comme si un sous-Kitano filmait du sous-Wong Kar Wai en Corée mais en gardant la subtilité et la profondeur de ce gros phacochère de Sion Sono.

Parce que bon, au début, de bonne composition, pourquoi pas, ce jeune homme qui squatte chez des gens partis en vacances avec une technique bien rodée, ses petites manies de bricoleur qui joue à l’ange du foyer, ça se regarde, il y a même une poule à un moment, les deux sont plutôt mignons, si on oublie les multiples répétitions inutiles qui essaient de cacher l’absence de développement et d’histoire, les cadrages inégaux et la mise en scène appuyée, on peut même passer un moment neutre, gentiment insignifiant, mais pas méchant.

Bien entendu, toute la dernière partie rend inutile toute la patience soigneusement accumulée depuis mon premier Kim Ki-Duk, le grotesque le plus achevé remplace petit à petit la gentille niaiserie des débuts et après la huitième attaque à coups de balles de golf ma cervelle dégouline par mes oreilles comme du tapioca pas frais jusqu’à une sentence finale qui déclenchera au mieux un rire gêné par tant de bêtise…

Alors oui, je déteste toujours autant Kim Ki-Duk, je le méprise même encore un peu plus, je ne comprends absolument pas que l’on puisse adhérer à autant de stupidité crasse et je m'étais juré de ne plus jamais retomber sur une de ses ignominies juste avant de me rendre compte que ce sadique de Dunslim avait foutu les quatre saisons en tête de mon top d’édification…

Il n’est donc pas impossible que je repousse encore un jour les limites de ma détestation dans un futur que j’espère le plus lointain possible tant le niveau d’abjection présent dans ce que j’ai pu voir dépasse celles de l’entendement et de la plus élémentaire pudeur.
Torpenn

Écrit par

Critique lue 2.8K fois

40
18

D'autres avis sur Locataires

Locataires
emmanazoe
9

Au-delà des mots...

De Kim Ki-duk, je ne connaissais que son très beau "Printemps, été, automne, hiver, et printemps"... qui ne m'avait que moyennement séduite malgré son esthétisme parfait. Si je n'ai pas connu ce...

le 17 juil. 2012

50 j'aime

14

Locataires
Torpenn
4

La guerre du golf

Je déteste Kim Ki-Duk, je le hais, il m’exaspère, il m’est infiniment antipathique, je le méprise de toute la force de mon âme encore pure qu’il essaie en vain de souiller à chacune de ses...

le 9 oct. 2013

40 j'aime

18

Locataires
Sergent_Pepper
5

Un barrage contre le pathétique.

On peut beaucoup gloser sur la poésie à l’œuvre dans Locataires, (constituant ma rencontre avec l’univers de Kim Ki-Duk), qui semble à ce point obséder son auteur qu’elle gangrène l’œuvre dans son...

le 24 juin 2015

34 j'aime

1

Du même critique

Into the Wild
Torpenn
5

Itinéraire d'un enfant gâté

A 22 ans, notre héros, qui a feuilleté deux lignes de Thoreau et trois pages de Jack London, abandonne sans un mot sa famille après son diplôme et va vivre deux années d'errance avant de crever comme...

le 17 nov. 2012

471 j'aime

181

Django Unchained
Torpenn
4

Esclavage de cerveau

Aussi improbable que cela puisse apparaître à mes lecteurs les plus obtus, j’aime bien Tarantino, je trouve qu’il arrive très bien à mettre en scène ses histoires, qu’il épice agréablement ces...

le 22 janv. 2013

395 j'aime

174

Le Parrain
Torpenn
10

Le festival de Caan...

Tout a déjà été dit sur ce film, un des plus grands jamais réalisé. Tout le monde a vanté, un jour son casting impeccable : un Brando ressuscité, un Pacino naissant, bien loin de ses tics...

le 6 janv. 2011

366 j'aime

131