Ivan Locke est un important entrepreneur de travaux publics en passe de réaliser, au levé du jour, la plus grosse coulée de béton jamais vue en Europe. Mais avant, il est attendu par sa femme et ses deux enfants le soir d’un match où la victoire aura un goût amer. Alors que sa femme a bien voulu revêtir le maillot de son équipe favorite, il décide de rejoindre la femme avec qui il a couché une seule fois et qui est sur le point d’accoucher de son enfant. Cette décision va bouleverser sa vie. Tout cela minutieusement mis en scène dès le début du film lorsqu’arrêté à un feu, Ivan Locke va pour tourner à gauche, réfléchit et décide de tourner à droite.


Toute l’intrigue du film se déroule en temps réel lors du trajet en voiture de Birmingham à Londres sur une autoroute filmée de nuit. Autrement dit, Tom Hardy est le seul acteur physique du film. Il n’en faut pas plus au scénariste des « Promesses de l’ombre » pour nous plonger dans un thriller palpitant. La mise en place de trois caméras braquées sur l’acteur suffiront à retranscrire toutes les nuances de son jeu. Sous la résonance d’appels téléphoniques incessants qui fusent à l’intérieur de la carapace de son 4×4 BMW, Ivan Locke y répond avec une grande sagesse, jonglant entre ses problèmes personnels et professionnels. D’un calme impressionnant, il a cette faculté de discernement dans les choix et les décisions difficiles qu’il doit prendre ce qui le rend infiniment touchant. Un voyage héroïque au cours duquel il roule vers son destin et il le dit lui-même à plusieurs reprises : « la circulation est bonne ». Il semble bien déterminé à rompre le casse tête dont il assume l’entière responsabilité.


Tom Hardy, déjà exceptionnel dans « Bronson » de Nicolas Winding Refn et « The Dark Knight Rises » de Christopher Nolan, mène somptueusement la danse au travers d’une réalisation soignée – une association qui forme une harmonie parfaite et qui part à la recherche d’une spontanéité quasi-documentaire. On saluera également la pléiade d’acteurs (Andrew Scott, Olivia Colman, Ruth Wilson…) qui donne la réplique en direct au téléphone et dont chaque réaction est juste et loin des clichés apparents.
L’auteur-réalisateur de « Crazy Joe » signe un film intense et captivant préservant jusqu’au bout le sort de l’intrigue et dont le héros cadenassé au volant de sa voiture porte bien son nom ; laissant à chaque kilomètre dépassé une trace d’humanité… – Romain Princet


Un Film À La Une

RomainPrincet
8
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le 1 mai 2016

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