Il y a des fois où il faut savoir se laisser surprendre au cinéma. Découvrir de nouvelles choses, laisser sa chance à des œuvres dont on ne soupçonnait pas l’originalité, ni le pouvoir de persuasion de vous faire changer d’avis. Et puis parfois il faut être à l’écoute de son intuition. Une intuition qui m’avait dit : « Méfie toi, Logan n’est pas un film pour toi, ne va pas le voir, tu vas le regretter ». Il est vrai que je n’ai vu aucun des Wolverine, la série ne m’intéressait pas vraiment. Et puis quand j’ai regardé la bande-annonce, je me suis dis que cette fois-ci je pourrais faire une exception et me laisser tenter.


Il faut dire qu’il donnait envie ce trailer. On sent que le ton est complètement différent des autres, que le héros hollywoodien de base à peut-être laissé la place à quelque chose de neuf. La BA laisse apercevoir un Wolverine fatigué, affaibli, poursuivi, aux côtés d’une fille étrange, sauvage. Tout ça dans une ambiance sombre à demi apocalyptique, façon Mad-Max, agrémentée d’un décor de far-west perdu et désertique. Alors bon pourquoi pas, d’autant plus que Logan est censé être le dernier film avec Hugh Jackman.

Va-s’y, tu pourrais être agréablement surprise… me suis-je convaincue. Hélas la surprise a été de courte durée. Car si la trame de fond aurait pu être intéressante, la forme, elle, laisse vraiment à désirer.


Commençons d’abord par le fond. Logan n’est plus une pseudo bête domestiquée, semi gentille avec ses vannes bien senties. Non ici c’est un Logan à l’état brut, noir, agressif et encore plus je-m’enfoutiste de tout. Enfin. Une bête sauvage, violente confrontée à une autre bête encore plus indomptée que lui. Et cette bête, n’est autre qu’une fillette de 11 ans, modifiée génétiquement (la X23 pour les connaisseurs), avec les mêmes pouvoirs que notre Wolvie : des griffes acérées et une capacité d’auto-guérison. Une petite mutante au regard noir, pleine de fougue, qui apporte une présence et une dynamique incroyable au film, malgré son absence de dialogue. Dommage que son potentiel ait été gâché par des combats où elle se transforme en petit singe aux acrobaties ridiculement excessives. Dommage aussi de lui donner soudainement une voix, à plus de la moitié du film, alors que son silence apportait tellement dans sa confrontation avec un Logan ultra agressif dans ses paroles. Le mexicain est censé être sa langue natale, alors pourquoi elle parle anglais ? Pourquoi lui faire dire des phrases en espagnol, puis des phrases en anglais juste après pour exprimer la même chose ? Cela n’a pas de sens. Comme si son côté mexicain devait lui donner une touche d’exotisme et d’étrangeté appuyée. Inutile.


Bon et maintenant passons à la forme. Ok Wolverine est un personnage violent, une vraie brute, un tueur sans concession, ect, ect. On a toujours eu droit plus ou moins à cette part de violence dans les X-Mens, mais elle n’était jamais abusée, jamais là pour faire le show. Dans Logan elle est omni-présente et particulièrement marquée visuellement. Les combats sont très brutaux et sanglants, avec des têtes coupées, des gorges tranchées, des corps déchiquetés, démembrés et bien sûr toujours en gros plans sur les griffes de Wolverine. Chaque plan est filmé de manière à ce qu’on prenne notre pied dans ces massacres, comme si c’était artistique à regarder, comme si on en redemandait. Or tout ce gore est-il vraiment nécessaire et surtout est-il là pour justifier le succès et la réussite de la réalisation. Vraiment je me suis posée la question. D’une certaine façon, le film veut nous montrer qu’il n’est pas là pour faire semblant ni pour s’attarder sur autre chose que la violence.

D’ailleurs l’un des seuls pseudo moment de sentiments, chez la bonne petite famille de fermier, devient une boucherie injustifiée. Mais le plus pathétique c’est bien lorsque Logan affronte son clone en version badass abrudissante, avec écrit en grosse lettre sur sa tronche « JE SUIS THE MECHANT ». J’ai eu la désagréable sensation de me retrouver dans Terminator avec un Schwarzenegger remonté à bloc, increvable. Le pire c’est qu’on nous le rebalance à la fin, faute d’avoir trouver un autre adversaire et puis faut dire que celui-là est bien résistant tout de même. Crevant pour le coup.

Logan m’a donné envie de sortir de la salle et de fuir à toute jambe, mais je suis finalement restée, je ne sais pour quelle raison. Sûrement pour la fille qui est bien le seul personnage intéressant et sympathique, avec le prof X dirons-nous. Et puis peut-être aussi parce que je voulais voir des vrais mutants à l’écran. Quoi qu’il en soit j’ai enduré le film jusqu’à un final bâclé, qui conduit sans aucune supposition, vers une fin qu’on a deviné depuis le début du film. J’en ai versé une larme de sang. Ainsi tu nous quittes Wolverine et j’espère ne pas te revoir avant un long, très long moment. Sans regrets.

Proustibat
5
Écrit par

Créée

le 8 févr. 2023

Critique lue 20 fois

1 j'aime

1 commentaire

Proustibat

Écrit par

Critique lue 20 fois

1
1

D'autres avis sur Logan

Logan
Marvellous
9

The Last Stand

Le troisième film d'une saga a toujours été sujet de problèmes du côté de la licence X-Men. X-Men : The Last Stand était catastrophique par rapport à ce que Bryan Singer avait fait avec les deux...

le 1 mars 2017

155 j'aime

24

Logan
Vnr-Herzog
8

Blood Father

Il y a définitivement quelque chose de troublant dans Logan, dixième film d'une franchise boiteuse et dont l'état de mort cérébrale a été prononcé déjà plusieurs fois. L'histoire se déroule dans un...

le 2 avr. 2017

154 j'aime

16

Logan
Chaosmos
8

A History of Violence

Après le fiasco X-Men Apocalypse, le poids sur les épaules de James Mangold n'en était que plus lourd à porter. Ce dernier se devant d'achever une trilogie mais surtout un cycle ayant initié il y a...

le 1 mars 2017

130 j'aime

17

Du même critique

Avant toi
Proustibat
5

Critique de Avant toi par Proustibat

Un vrai gâchis. Ça aurait pu être mieux que chouette mais non, la musique a ruiné le film. Et est-ce qu'on en parle de cette fin

le 27 juin 2016

2 j'aime

1

Logan
Proustibat
5

Critique de Logan par Proustibat

Il y a des fois où il faut savoir se laisser surprendre au cinéma. Découvrir de nouvelles choses, laisser sa chance à des œuvres dont on ne soupçonnait pas l’originalité, ni le pouvoir de persuasion...

le 8 févr. 2023

1 j'aime

1