The Last Stand
Le troisième film d'une saga a toujours été sujet de problèmes du côté de la licence X-Men. X-Men : The Last Stand était catastrophique par rapport à ce que Bryan Singer avait fait avec les deux...
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le 1 mars 2017
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Wolverine, et par extension Hugh Jackman, auront été les figures dominantes de la saga X-Men au cinéma. Répondant toujours présent même pour des caméos plus qu'improbables, et leur dire adieux marque très clairement la fin d'une époque pour cette saga qui aura connu des hauts mais aussi beaucoup de bas dans sa timeline déstructurée et pleines d'incohérences. Après un Deadpool faussement subversif et un X-Men Apocalypse très décevant qui prouvait que la franchise à toujours eu du mal à clôturer ses trilogies, on reste confiant quand à cette fin de trilogie pour le mutant griffu. Principalement grâce à la présence de James Mangold qui semble être très attaché au personnage. Étant arrivé tardivement sur The Wolverine, le précédent film sur le mutant, il avait cependant su en tirer quelque chose de regardable et suffisamment réussi. Avec Logan, c'est un projet qu'il porte depuis le début, au point même de le co-scénarisé et lui apportant une vraie vision de cinéaste.
James Mangold a une fascination pour les âmes torturées et fatiguées, en témoigne sa filmographie où ses héros sont des personnages à la dérive qui préfère s'enterrer la tête dans le sable plutôt que de faire face à un monde qui les dépasse avant d'ouvrir les yeux et décider à agir. Que ce soit dans le formidable Cop Land, le très bon biopic Walk the Line ou même le très réussi remake 3:10 to Yuma, le réalisateur à réussi à créer un héros mangoldien, un portrait qui va à ravir à Logan. Prenant la forme d'un western aride et crépusculaire comme les affectionne Mangold, style directement cité dans le film, Logan est presque à part de la saga X-Men. Même si certains événements sont évoqués, il est à prendre comme une oeuvre unique et qui se suffit à elle-même, évitant de s'encombrer avec la timeline chaotique de la saga. D'ailleurs tout ce qui touche à un aspect plus "comic book movie" est même ce qui fonctionne le moins dans le film. Que ce soit les méchants très caricaturaux et presque forcés dans le récit, avec des motivations qui entraîne pas mal d'incohérences et de trou dans le scénario, où la seconde partie du film plus convenue et qui offre un climax attendu cédant à l'appel du spectaculaire.
Ce qui fonctionne le mieux dans Logan, c'est cette déclaration d'amour et cette réflexion autour d'un personnage iconique qui aura marqué son temps. Entre l'animal sanguinaire et incontrôlable et l'homme en perdition qui cherche la rédemption, Mangold brosse un portrait sensible et extrêmement touchant de l'homme derrière le mutant, la réalité derrière la légende du X-Men. Il offre d'ailleurs une mise en abyme bien pensé entre les films et les comics, ne cherchant pas à brosser le spectateur dans le sens du poil à travers la "fidélité" de l'adaptation mais en proposant une véritable réflexion autour de celle-ci. La fiction qui découle de ce genre d'entreprise étant à double tranchant, entre le fan qui veut être surpris mais qui veut aussi revoir ce qu'il a aimé dans ce qu'il juge être la "vraie" version d'une histoire ou d'un personnage. Le film ayant l'intelligence de montrer qu'il n'y a pas de vraie version, mais juste différents regards qu'on lui porte. En refusant de céder quoique ce soit sur sa vision du personnage, il offre une fidélité spirituelle indéniable à celui-ci mais parvient aussi à en offrir une réincarnation personnelle et rafraîchissante dans une industrie qui cède plus souvent à des incarnations lisses.
Véritable leçon de cinéma pour l'univers cinématographique de Marvel qui montre que l'on peut proposer un film de super-héros sérieux tout en étant indéniablement divertissant, il parvient à développer de beaux enjeux et de vraies émotions sans jamais tourné son personnage en dérision. Il se rapproche plus de la démarche d'un Zack Snyder, qui quoiqu'on pense de ses films avait su aussi proposer une réflexion de ses personnages au sein de l'imaginaire collectif. Ici Logan étant constamment confronté à l'image qu'il revoit, à celui qu'il est censé être pour chacun face à ce qu'il est réellement. Fils prodigue issu d'un monde ravagée, porté par la très juste relation entre Charles Xavier et Logan, père idéalisé d'une animosité incontrôlable, la fille qui symbolise tout ce que le personnage à peur d'être, et Némésis de sa propre vie, Logan qui cherche à mourir de sa main et qui ne fait que s'autodétruire. Le film distille de très belles idées qu'il va traiter de manière parfois maladroite à travers la relation pour le moins classique entre Logan et X-23, la fille qu'il doit protéger, ou encore à travers la Némésis du personnage qui ne sera que survolé. Mais même si il toussote par moments, il assume ses imperfections et ses moments plus téléphonés pour avant tout en tirer une belle sincérité.
Dominé en plus par un Hugh Jackman qui n'a jamais autant été habité par le personnage, le tout touche au cœur et parvient souvent à émouvoir. L'acteur est impeccable et dévoile des émotions du personnage encore insoupçonnés. Il fait le choix courageux d'en finir avec un personnage qui lui colle à la peau et lui donne sa meilleure incarnation. Il est aussi soutenu par un excellent Patrick Stewart, qui donne une dimension différente et très intéressante à son personnage, et par une très impressionnante Dafne Keen, qui est clairement la révélation du film. Mis en scène avec sobriété, le film favorise le développement des personnages à l'action et offre une première heure formidable. La réalisation de James Mangold s'y fait brute et esthétisée, aidée par la superbe photographie de John Mathieson, elle surprend et enchante dans ses choix. Même si visuellement le film se construit un peu trop sur les set-up/pay-off, réutilisant certaines idées visuelles montré dans le premier acte pour les remettre dans le deuxième, il offre de belles scènes. A l'image d'une scène d'action qui tourne autour de Charles Xavier dans une chambre d'hôtel. Viscéral et traversé d'une violence sourde constante, le film a une patte artistique indéniable mais il se révèle moins maîtrisé dans ses passages plus spectaculaires. Avec son style shaky cam dans les scènes d'actions, il a dû mal à tirer une lisibilité de ses passages, et s'en sert pour cacher un peu la violence de ses affrontements. Car le film est violent pour un Marvel movie mais on reste dans un niveau relativement soft où le plus gore est souvent épargné.
Logan est une très belle conclusion pour ce personnage iconique mais qui pourrait aussi fonctionné comme un point final parfait à la saga X-Men. A travers le dernier plan sublime du film, on touche à une forme d'aboutissement aussi poignante que satisfaisante et il est presque dommage que d'autres films viennent après pour s'inscrire dans cet univers. James Mangold offre un film personnel, brutal et intelligent dans ce qu'il propose qu'il s'inscrit assurément dans le haut du panier des films de super-héros. Même si il n'a pas la force paranoïaque d'un The Dark Knight ni l'étendue politique et réflectif d'un Watchmen, X-Men Days of Future Past ou même de Batman v Superman, il réussi bien mieux dans une forme d'intime que de telles œuvres non jamais effleurées du doigt, et là est le vrai tour de force. Laissant de côté le clinquant du personnage de comics et laissant toute la place aux acteurs pour dire adieux à leur personnage, Mangold signe une oeuvre sensible et profonde qui vise le cœur et qui tape juste. Un très beau final.
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Créée
le 4 mars 2017
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