The Last Stand
Le troisième film d'une saga a toujours été sujet de problèmes du côté de la licence X-Men. X-Men : The Last Stand était catastrophique par rapport à ce que Bryan Singer avait fait avec les deux...
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le 1 mars 2017
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Vulnérable et émotionnel.
Voici les deux qualificatifs qui viennent à l'esprit après le visionnage de ce nouveau Wolverine.
Le personnage, auquel Hugh Jackman prête ses traits depuis plus de 15 ans maintenant, nous revient avec un dernier opus et, comme son interprète, il a vieilli.
Ainsi que le titre sobre sous forme de prénom et le trailer le laissaient entrevoir, Logan présente donc notre X-Men favori sous un angle plus intime et personnel qu'auparavant. Assez inhabituel pour ce type de grosse production.
Le film se veut un dernier hommage vibrant au super-héros Marvel. Les versions spin-off précédentes n'ont jamais été de franches réussites: Le Combat de l'Immortel, déjà réalisé par James Mangold, était assez efficace mais n'en demeurait pas moins rempli de défauts, et ne permettait pas de faire oublier le fiasco X-Men Origins. Finalement, le seul film ayant su développer sous son meilleur jour ce personnage charismatique et bestial est X-Men: Days of Future Past de Bryan Singer.
La marge d'erreur était donc mince pour cet au revoir annoncé auprès des fans et du cinéma de super-héros, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas loupé.
Pas de faute de goût notable ou de scénario bancal à déplorer ici. Un vrai bon film se cache sous ce blockbuster hivernal.
Dans un futur dystopique, qui ne précise pas la timeline où il se déroule dans la franchise, les X-Men ont presque tous disparu et le constat est des plus triste: les rares survivants sont séniles, alcooliques, dépressifs, albinos sous le soleil du Nouveau-Mexique - en somme: les X-men sont en voie d'extinction.
Les personnages que nous connaissons ont pris un sacré coup de vieux et vivent terrés, battus par la vie, sur la défensive, tout juste les ombres des héros magnifiques qu'ils ont pu incarner par le passé.
Logan assure sa survie en étant chauffeur Uber d'une limo prototype Chrysler, année 2024, tâchant de se tenir à l'écart des embrouilles mais soignant son taux d'alcoolémie au quotidien. Ses capacités régénératrices sont déclinantes. Il songe sérieusement au suicide. Bref, il est en piteux état.
Professeur X suit un traitement médicamenteux inhibant ses pouvoirs, il est maintenu en isolation par son ami car régulièrement victime de crises cérébrales qui paralysent tout être vivant dans les environs, il est un véritable danger de mort pour tous ceux qui l'entourent.
En l'absence de Wolvie, Caliban, mutant albinos qui a la capacité de ressentir la présence d'autres mutants, s'occupe de lui et de l'entretien du taudis leur servant de refuge.
Le tableau est donc sombre, sans autre horizon que celui d'un vague projet d'achat de bateau pour un voyage en mer aux allures de suicide déguisé...
C'est alors qu'entre en scène une fillette en détresse mais douée de pouvoirs impressionnants, et qui arrive à point nommé pour redonner de l'espoir et un sens à la vie de ces mutants déchus.
Principale satisfaction donc, les personnages et l'interprétation sont à la hauteur:
Une place importante est laissée au développement de la relation entre les derniers représentants de l'espèce, errants sans but précis et nourrissants de puissants regrets quant à leurs choix et accomplissements. Les liens qu'ils tissent avec l'enfant, sans repère dans la vie, mais dont ils finiront par accepter qu'elle est en quelque sorte leur héritage, leur chair et leur sang, lui accordant au passage, pour un court instant, la famille qu'elle n'a jamais eue, se noueront à l'écran dans la douleur mais efficacement.
Démarre alors un road movie, du sud au nord des USA, âpre et poussiéreux, rythmé par des scènes d'action et de combats très bien menées, et d'une brutalité sans précédent dans un film de cette franchise. Compte-tenu du fait qu'il s'agit tout de même de voir s'affronter des méchants très méchants avec un mutant très costaud et super hargneux, armé de griffes en métal incassable, il apparaît somme toute assez logique d'en venir à un certain niveau de violence.
Les moments d'action opposent ainsi nos héros, surtout Wolverine et sa protégée Laura (X-23), à la traditionnelle multinationale militaro-politico-complotiste (Transigen) qui fomente évidemment de sombres projets machiavéliques.
La fillette qu'ils traquent s'est échappée d'un laboratoire où des manipulations génétiques sont conduites sans vergogne sur des enfants éprouvettes par les équipes d'une sorte de docteur Mengele, lui-même descendant du responsable de l'expérience Weapon-X. Ses hommes de main, les Reavers, emmenés par Donald Pierce (Boyd Holbrook), sont ultra baraqués, armés jusqu'aux dents, très nombreux et pourvus de poings et autres améliorations bioniques mais vont malgré tout avoir beaucoup de mal à se saisir de leur proie.
Viendra encore garnir les rangs des figures maléfiques à affronter dans ce film un clone de Logan dénué d'âme, tueur méthodique et précis.
C'est ce manque de focalisation sur les antagonistes qui est à déplorer, les bad guys du film étant trop nombreux: le puissant conglomérat militaro-scientifique, l'homme de main-bionique, le super mutant sans âme, le docteur cynique etc... difficile de véritablement saisir les contours de la menace qui poursuit nos héros en fuite,
étant notamment prouvé dès le début qu'une "simple fillette" peut venir à bout de plusieurs soldats "améliorés" sans trop de difficultés.
Léger manque de panache et d'impact de ce côté-ci donc.
Certes l'arrivée du X-24 est troublante, sorte de mimic de Terminator avec le visage de Logan, super mutant robot qui n'obéit finalement à rien ni personne à part à la haine et la colère pures. Mais cette irruption empêche encore de se familiariser avec la figure d'un seul et même vilain, alors que l'approche toute en dilettantisme de Boyd Holbrook ne manquait pas d'attrait au départ.
Des surprises interviennent tout de même en cours de route, comme la mort de la figure emblématique des X-men qu'est professeur X. Une mort sur laquelle le film passe un peu vite, mais qui est néanmoins cohérente avec le déroulement de l'histoire, et va donner à Wolverine l'impulsion qui lui manquait pour aller au bout du chemin. Cependant la perte de Xavier est un événement terrible pour l'univers X-Men et sur lequel on aurait souhaité que le réalisateur s'attarde avec peut être un peu plus de solennité.
En dehors des cela, il n'en reste pas moins que l'écriture est solide, la réalisation soignée, entretenant une ambiance pesante mais non sans distiller un brin d'humour le long du chemin.
Le film bénéficie d'une interprétation toujours juste, notamment par la jeune héroïne qui est impressionnante de présence. Nous profitons de plusieurs scènes où il est permis aux talents d'acteur de Patrick Stewart et Hugh Jackman de briller, apportant ainsi une plus grande épaisseur aux personnages et à leurs tourments qu'à l'accoutumée dans ce type de film. Il en découle un plus grand attachement affectif de la part du public.
Plusieurs clins d’œil sont exécutés en cours de route qui rendent également le film très attachant: au western, aux comics X-Men en tant que tel, au Terminator, à l'esthétique des scènes style Quicksilver dans les X-Men précédents, etc...
Nous quittons la salle sur une fin plutôt émouvante, versant un peu dans le pathos, mais laissant aussi un brin d'espoir s'installer dans un film d'une grande noirceur.
Tous les héros que nous apprécions et avec lesquels nous avons grandi sont morts, victimes d'une société malade, incapable d'accepter la différence chez l'autre, ou souhaitant seulement l'utiliser à des fins mercantiles, l'instrumentaliser pour la domination et la terreur.
L'espoir réside malgré tout dans ces enfants qui ont refusé leur condition et, partis sous d'autres cieux plus propices à leur développement, apprendront à réaliser leurs vies et peut être changer le cours des choses.
Le pessimisme est de mise mais toute lueur d'espoir n'est pas éteinte.
Créée
le 16 mars 2017
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