I always know who you are, I just sometimes don't recognize you.

Film attendu depuis un moment, annoncé comme le messie censé sauver une franchise spin-off qui n’a jamais pleinement convaincu et donner enfin à son personnage le film qu’il méritait. Est-ce que le dernier tour de piste de Hugh Jackman dans l’un des rôles les plus iconiques de ces dernières années est une réussite ? La réponse est oui !


Sans forcément être, à mon sens, le meilleur X-Men, ce film n’en reste pas moins de très bonne qualité dans son ensemble. Tout d’abord, j’ai adoré le ton global du film, qui tranche beaucoup avec les autres films de super-héros classique et pourrait même se rapprochait de ce qu’on avait pu voir dans un The Dark Knight. Ainsi, on se retrouve avec un mélange extrêmement subtil de road movie, de film post-apo (du point de vue des mutants j’entends) et de drame familial. Le tout restant ancré dans l’univers X-Men bien entendu. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, ce mélange fonctionne très bien.


En limitant de beaucoup le nombre de personnages (sauf dans la dernière partie), cela permet également au film non seulement d’aborder une échelle plus humaine, renforçant la situation vécue par Logan


(mourant de l’empoisonnement de son squelette en adamantium, idée brillante tirée des comics)


mais également de renforcer le lien entre les personnages. Et c’est dans ce film, plus que tout autre, qu’on réalisera le profond lien qui unit Charles et Logan. À un moment, il fait croire que c’est son père, mais on voit clairement que Logan considère Charles comme sa figure paternelle de substitution. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié le développement du personnage de Charles : non seulement on découvre une facette qui nous fait sourire, mais également une facette à laquelle on ne s’attendait pas et qui en devient complètement dramatique. Un équilibre entre humour et tragique magnifiquement dosé. Et puis là aussi, l’évolution du pouvoir de Charles est brillante et terrifiante, d’autant plus lorsqu’on réalise ce qu’elle a engendré.


L’autre forte relation du film sera bien sûr entre Logan et le nouveau personnage de la jeune Laura. Celle-ci sera construite sur l’ensemble du film, petit à petit, morceau par morceau, jusqu’à ce que le lien qui les unit devienne permanent dans la dernière scène. Là aussi, l’équilibre entre humour et tragique sera bien dosé, où on sent la méfiance naturelle de Laura avant de finalement briser la glace, tandis que Logan restera fidèle à lui-même entre son incapacité (ou sa grande difficulté) à s’attacher aux gens et sa tendance naturelle à protéger les personnes en difficulté. C’est un schéma qu’on avait déjà vu dans le premier X-Men avec Malicia, dans le second lors de l’attaque de l’école, ou dans X-Men Origins lorsqu’il libère les prisonniers de Striker. On le retrouve ici, mais la grande différence c’est qu’il s’agit du cœur même du film et que le traitement est au final bien meilleur.


Au niveau de la violence, on ne nous a pas menti sur la marchandise. Il s’agit sans conteste du film le plus violent de la franchise. Mais celle-ci est utilisée de façon plutôt intelligente. Là où le caméo dans Apocalypse était la dépiction la plus bestiale de Wolverine, Logan utilise cette liberté du R-rating pour pouvoir aller au bout de ses idées. Le film ne sera pas un bain de sang, au contraire : nous aurons seulement droit qu’à quelques scènes disséminées tout au long du film. Cependant, cette explosion soudaine de violence graphique vient rompre le rythme road movie du film, au point qu’elles apparaissent encore violentes qu’elles ne le sont réellement, renforçant la tension. On sentira vraiment ce déferlement et la puissance des coups tout au long du film, ces scènes ont un impact très important. C’est pour ça que je confirme : il ne s’agit pas d’un film pour âmes sensibles. Sans forcément verser dans le gore absurde, cette effusion peut réellement choquer de par sa puissance.


Enfin, le film


est effectivement le chant du cygne annoncé depuis le départ. Une sorte de rite initiatique où Logan surpasse sa condition pour le sacrifice ultime. La dernière partie du film sera cristallisée tout autour de cet aspect-là, renforçant la faiblesse physique de Logan en le montrant non seulement essoufflé mais réellement mourant (ce qui est amené dès le départ du film, où on le voit moins vif qu’à l’accoutumée, sauf lorsqu’il laisse sa rage exploser). En ce sens la fin était prévisible, mais avec la situation actuelle des studios sur la gestion des franchises de super-héros, on pouvait encore avoir des doutes. Mais finalement non, le film ira jusqu’au bout jusqu’à cette dernière scène poignante et tout simplement parfaite et qui


tire magnifiquement le rideau.


Le seul défaut du film, c’est du côté des méchants du film. Non pas qu’ils soient inutiles au film (au contraire ils sont les déclencheurs de toute l’histoire), mais disons que l’intrigue centrée sur eux ne réussit à aucun moment à faire contrepoids à celles centrées citées plus haut. Sauf éventuellement à un moment, où un petit twist bienvenu fera enfin sentir un peu de tension pour les personnages


(en plus de mener à l’une des scènes les plus déchirantes de la franchises).


Mis à part ça, c’est plutôt timide dans la mise en place et l’exécution, ce qui rendra le final pas aussi intense qu’il aurait pu l’être


(même si du coup, l’anti-climax fonctionne mieux)


. Enfin bon, c’est simplement pour chipoter un peu, mais avoir un grand antagoniste aurait été sympa.


Sur le plan du casting, je n’ai vraiment pas grand-chose à reprocher. Pour un film de super-héros, c’est vraiment bon. Hugh Jackman endosse pour une dernière fois son rôle iconique pour délivrer sans doute sa meilleure prestation sur tous les niveaux, jouant magnifiquement sur les différentes facettes du personnage. Patrick Stewart jouera à merveille le rôle secondaire dans cette catégorie de personnages qui volent le show lors de leurs quelques scènes : brillant, dramatique, hilarant, sublime… Là aussi, une révérence magnifique au Professeur X.


La jeune Dafne Keen réussira également à faire figure dans ce film, interprétant de façon plutôt intéressante son rôle de Laura : à la fois charismatique, bad-ass et terrifiante tout en gardant cette innocence de l’enfance par moment. Sur le reste du casting, c’est nettement un cran en-dessous du trio de tête, mais principalement pour les raisons citées plus haut. Du coup, ce n’est pas vraiment le jeu des acteurs qui est mauvais (au contraire, Boyd Holbrook s’en sort pas trop mal), mais plus l’écriture des personnages qui n’aide pas.


Techniquement, j’ai beaucoup apprécié le film. À l’image du ton global du film, qui m’a vraiment fait penser au traitement de Nolan dans sa Dark Knight Trilogy, on revient sur des bases moins spectaculaires avec une quasi-absence d’effets spéciaux numérique. On se reposera uniquement sur le pratique, et ceux-ci seront principalement centrés lors des scènes violentes, ce qui renforcera leur impact au final


(les passages où Charles bug sont tellement ingénieuses, géniales et oppressantes).


Une utilisation très intelligente là aussi. Les décors nous font voyager à travers les États-Unis pour renforcer l’aspect road-movie, proposant quelques paysages fantastiques.


La musique sera là aussi très différente de ce qu’on voit actuellement dans les films de super-héros, se rapprochant plus de ce qu’on peut trouver dans des films dramatiques ou des thrillers. Quant à la mise en scène, James Mangold manie son sujet avec précision et efficacité, jouant à plusieurs reprises sur différentes échelles. C’est là qu’on prendra conscience de se retrouver dans un film de super-héros, avec ces plans épiques et grandioses, mais bien souvent Mangols privilégiera de rester au plus près des personnages pour renforcer la tension des scènes. Le montage sera d’ailleurs plutôt efficace, tout comme la photographie, qui donne un aspect très brut à l’ensemble du film, renforçant l’aspect post-apo des mutants.


Logan est donc un film de grande qualité. Se démarquant non seulement de la saga X-Men (un peu comme First Class), mais également du genre super-héroïque lui-même (à l’image de la Dark Knight Trilogy) ; son ton donne naissance à un film particulier, violent, passionnant et tragique. On sent que Hugh Jackman a tout donné pour remercier ses fans et dire au revoir au personnage de Wolverine. Merci Hugh !

Créée

le 7 mars 2017

Critique lue 370 fois

vive_le_ciné

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