Allez donc passer les menottes à un manchot

Une histoire rocambolesque dont le ressort repose sur l'opposition entre l'Amérique des winners et celle des loosers. La chance n'ayant en définitive pas grand chose à voir dans tout ça. Bon, c'est vraiment de la fiction, pas réaliste pour un poil, mais c'est par moment vraiment très drôle, satirique.

D'un côté, la famille Logan, soit disant touchée par une malédiction qui accable ses membres de calamités diverses : le grand frère Jimmy, ex-future star du football américain qu'un genou détruit précipité dans la dèche, son cadet, qui a perdu un avant-bras en Irak et enfin la petite sœur, plutôt canon, mais qui coiffe des quinquagénaires acariâtres dans un salon paumé. La famille Logan, donc, qui va s'allier avec la famille Bang, dont le grand frère Joe est superbement incarné par un Daniel Craig à contre-emploi, et les deux cadets sont, disons des zonards demeurés. Pour situer l'ambiance, Jimmy Logan porte parfois un tee-shirt à l'effigie de Bob Seger. Voilà, ce qu'on appelle parfois l'Amérique profonde, mais ici sublimée, vue avec un œil bienveillant. Une Amérique profonde qui existait à la fin du siècle dernier, mais qui pourrait être en voie de disparition.

De l'autre les Etats-Unis triomphants d'aujourd'hui : business, cash, prisons privées modèles, concessionnaires auto, annonceurs publicitaires, courses de voiture, boissons gazeuses dont on taira le nom, agents de sécurité, hommages à ses soldats, et - en fin de film - de formidables agents du FBI. Caricaturés, mais alors vraiment caricaturés. Poilant, en fait. Un peu un cocktail à base de Frères Coen, avec un zeste de merci patron. Tout ce joli petit monde étant bien entendu ridiculisé nos improbables underdogs, qui il faut en convenir, font preuve - à défaut parfois de sang-froid - d'une inventivité remarquable pour un braquage totalement louf.

Un petit scénario sympa, de bons gags, une bande son qui ne pouvait être que roots. Parfait pour passer un bon moment, en début de soirée, le samedi.