Je suis comme le roi d'un pays pluvieux.

Je me rappelle tes mains, ton visage, tes seins. Je me rappelle ta bouche, ton nez, toute ta beauté. Je me rappelles tes humeurs, lorsque tu m'emplissais de bonheur. Je me rappelle tes longs cheveux blonds, ton joli sourire qui charmaient les garçons. Je me rappelle ces fois, quand tu m'emmenais dans les bois. Je me rappelle que tu riais, à en pleurer ; on s'aimait. Je me rappelle ces hommes qui passaient sous tes yeux, ces malchanceux dont je n'étais pas envieux, je me rappelle tes promesses, notre mariage et l'éternel qu'on effeuillait avec délicatesse.

Je me rappelle ce jour, où je suis mort, de la neige dehors, une déchirure à rendre sourd. Je me rappelle mes pleurs enfouis, sur notre lit d'agonie, tu étais là toute enjouée, comme si entre nous il y avait encore un après. Je me rappelle tes yeux qui me fixaient, imbibés d'abandon, l'amour qu'ils me portaient, bientôt nos souvenirs en pleine disparition. Nous avons fait l'amour, j'ai voulu te garder, comme mon soleil ardent en été, comme pour éviter ce virage sans retour.

Aujourd'hui la solitude me ronge, comme une pente qui s'allonge, je perds l'équilibre et tombe, tu dévales nos souvenirs en trombe. De si jolies notes sur ton lit de mort, qui s’égrènent peu à peu, la mélodie des malades amoureux, je vois tes jolis yeux bleus battre d'envie encore. J'aimerais tant te rejoindre, mais sans crier garde je sens poindre, dans mon esprit résolu, la sensation d'un avenir doux et inconnu.

Je te vois heureuse te sentant importante, une douce odeur d'Islande dans les narines, elle nous envahit et nous aimante, nous partagerons tes ancêtres qui patinent sous ta poitrine. Je voyais dans ce tout dernier départ, la fêlure de nos vies et nos derniers instants, je n'avais alors pas compris que tu étais mon phare, et moi celui qui t'empêchait de rejoindre tes dernières lueurs au gré du vent.

Ces dernières brises qui te rendront heureuse comme j'ai pu l'être à tes côtés.
Et maintenant, pars, dans une dernière étreinte, je ne souhaite plus qu'une chose : savoir que tes yeux pourront toujours s'illuminer.
EvyNadler

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