Malgré la présence des deux acteurs les plus magnétiques et les plus talentueux aujourd’hui (le danois Viggo Mortensen et le français Reda Kateb), un contexte géopolitique tendu (l’Algérie de 1954), le deuxième long-métrage de David Oelhoffen (Nos retrouvailles en 2007) ne tient pas toutes ses promesses. D’abord parce que les étincelles qu’on attendait de la rencontre des deux comédiens ne surgissent jamais, l’acteur qui éclata chez David Cronenberg engoncé dans un rôle d’humaniste instituteur, ancien officier de réserve, à la bonté angélique, celui révélé par Un prophète enfermé dans une composition trop passive, à la limite de la transparence. Ensuite à cause d’une histoire qui apparait comme subalterne et anecdotique au regard de ce qui en train de se jouer dans la vallée entre les autochtones et les colons revanchards. Enfin parce que le long trajet mené par les deux hommes à travers l’Atlas algérien adopte les codes du western et du film d’aventures, en rejetant au second plan les enjeux politiques. Ce périlleux chemin vers la liberté, retrouvée ou accordée, a quelque chose de très balisé par le biais d’une mise en scène très apprêtée et léchée, où l’artifice ne semble jamais loin. Les paysages des montagnes algériennes (même si le film a été tourné au Maroc) sont majestueux, Viggo Mortensen et Reda Kateb ont certes une belle présence à l’écran (enfin surtout le premier), mais il manque sans conteste un souffle épique et une véritable tension à ce voyage paradoxalement plat en dépit d’une partition spectaculaire.