Présenté dans de nombreux festivals, dont Toronto et Venise, Loin des hommes s'inspire de la nouvelle L'exil et le royaume d'Albert Camus et est le second long-métrage du cinéaste David Oelhoffen.
Prenant pour cadre l'Algérie des années 50, Loin des hommes suit l'errance de deux hommes que tout oppose afin de mieux capter les fêlures de tout un pays, mais fait le choix de recentrer le récit sur ses deux personnages principaux, de s'attarder sur leurs échanges et leurs espoirs.
Des protagonistes avant tout humains, ni bons ni mauvais, qui tentent comme ils peuvent de survivre au coeur d'une nation ravagée, mais dont la rencontre donnera naissance à une compréhension mutuelle, à défaut d'une belle amitié qui ne peut de toute façon pas éclore en ses temps troublés. L'occasion de réunir un casting inattendu, l'excellent Reda Kateb donnant la réplique à la star Viggo Mortensen, les deux comédiens jouant d'ailleurs uniquement en langues française et arabe.
Leur prestation, toute en retenue, est indéniablement un des points forts d'un joli film certes prévisible mais touchant, humaniste sans jamais en faire trop, dont l'aspect westernien apporte une petite touche supplémentaire à un ensemble extrêmement classique. On appréciera également le soin apporté à une bande son planante signée Nick Cave et Warren Ellis, ainsi que la beauté des décors naturels.
Rappelant par instants le superbe The Three Burials of Melquiades Estrada de Tommy Lee Jones, Loin des hommes est une oeuvre émouvante et pudique, souffrant de quelques longueurs et d'un déroulement peut être un peu trop classique pour marquer véritablement, mais qui mérite que l'on s'y attarde. Ne serai-ce que pour l'implication exemplaire de ses comédiens, tous les deux parfaits.