Qui a decidé de ce qu'est le paradis ?
[Si vous ne l'avez pas encore vu, allez le voir avant de lire]
Film dont je n'avais jamais entendu parler, et vu quasi au hasard sur une chaine que j'ai dû regarder 3 fois dans ma vie (Jimmy pour ne pas la citer). Film que j'ai eu le bon honneur d'apprécier en V.O.
Il y a finalement peu de choses à dire sur ce film tant il dit de choses lui-même. Et surtout, ce qu'il dit, le il le dit très bien. Pas besoin d'en rajouter pour comprendre. C'est limpide et tellement beau.
Replaçons tout ça. Parce qu'avant tout, ce film est historique. Situé dans l'Amérique puritaine des années 50, ce film depeint avec réalisme, tendant parfois sur le surrealisme, une Amérique gangrénée par les apparences, et dans laquelle le but à atteindre, ce paradis recherché, c'est la petite famille bourgeoise (maison de banlieue, blonde pimpante et active à la maison, enfants obeissants, pelouse bien tondue par le jardinier (noir qui plus est)).
Ainsi, d'après les critères sociaux de cette époque, cette famille a tout pour être heureuse. Et pourtant, elle est bien "loin du paradis". Ce film décrit le craquellement progressif de cette façade que s'est forgée cette pauvre mère de famille (Exceptionnelle Julianne Moore), pour laisser place à ses vrais sentiments.
Parce que le sujet du film, c'est ça. Ces sentiments qu'on cache, mais qu'on ne peut s'empecher de ressentir, et ce malgré tous les obstacles que l'on y met, toutes les apparences que l'on se créent, ou toutes les conventions que la société nous fixe et que l'on tente de suivre. C'est cet aspect qui est particulièrement touchant, et qui fait de ce film, un très beau film. Comment l'homme peut-il crée une société qui le deshumanise au point de nier ses propres sentiments ? Cette époque, crée aujourd'hui une certaine nostalgie chez beaucoup d'américains, mais ce film nous rappelle que c'est surtout, une époque de non-dits, d'intolérance et d'apparence.
Tout cela est joué à la perfection par des acteurs habités. C'est très bien mis en image, avec des costumes et des décors sublimes. Les couleurs, quasi surrealistes, nous montre bien que ce paradis est fantasmé, qu'il n'existe pas. Le tout est finement mis en valeur par une très belle V.O. Le film, sur sa forme, rend hommage aux films des années 50 (je pense notamment à la B.O, mais aussi au joli générique de fin, aux couleurs utilisées etc...)
Pour conclure, ce film m'a beaucoup ému et j'ai passé un très bon moment à le regarder. Il s'agit d'un film ou le fond et la forme se subliment l'un l'autre pour un resultat tant émouvant qu'interessant. Comment de concepts qui paraissent abstraits et qui restent à l'état d'idées chez certains comme le racisme, ressortent en sentiments et affectent les gens au point de transformer des idées en déshumanité.
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