« Lola », sorti en 1961, est le premier long métrage de Jacques Demy. Ce film apparait comme une esquisse des « Parapluies de Cherbourg », son ainé qui sortira 3 ans plus tard et remportera la prestigieuse palme d’or. Tous les thèmes des « Parapluies de Cherbourg » sont déjà présents, dessinant ainsi le style de Jacques Demy. De jeunes amoureux transis un jour, perdus un autre. Et la guerre toujours présente hors champ, qui fait tout perdre, qui sépare les amants et leur laisse alors la mélancolie d’un amour impossible. Cependant, « Lola » n’arrive pas à exprimer ces thématiques d’une manière aussi forte que « Les Parapluies de Cherbourg ». Les personnages sont également moins attachants et le film dans son ensemble moins prenant. Malgré un visionnage agréable celui-ci ne me laissera pas un souvenir impérissable. A l’origine, le film devait être une comédie musicale en couleurs mais le projet était trop onéreux. Néanmoins, Jacques Demy a réussi l’exploit formel de faire une comédie musicale sans en faire une. Réalisant un film musical alors essentiellement par la chorégraphie des corps dans l’espace et la mélodie du phrasé si particulier des personnages. Ce qui donne alors un charme particulier à « Lola ». En plus de l’intérêt trouvé au formalisme employé, ce qui m’a particulièrement touché est la sensation subtile rendue par la présentation d’une cohabitation du passé avec le présent. Le passé des protagonistes se rejouent devant eux mais ne peut jamais être rattrapé ni embrassé, leur laissant alors l’écho d’un bonheur qui aurait pu être le leur.