« Tout sur ma mère » est le premier film de Pedro Almodovar que je visionne. Un mélodrame au charme particulier. Un style qui apparait comme unique et évident…D’accord, c’est donc ça un film d’Almodovar. L’ambiance musicale imbibée d’hispanique, les transitions léchées, des personnages féminins attachants et surtout dotés d’une grande force.
Une couleur en jaillit et reste. Le rouge. Sur les murs. Sur les vêtements. Dans le sublime mais non moins traumatisant « Cris et Chuchotements » du maître suédois Ingmar Bergman, le rouge est symbole d’une violence. Ici le rouge, symbole de la violence, mais aussi et surtout du désir, de l’amour, et enfin du sang qui coule et donc de la mort. Quand la pulsion de vie et de mort se mêlent, se succèdent, qu’importe l’ordre. Tout est déjà montré avec la transmission d’organes au début du film. Almodovar arrive à représenter une idée de l’ordre du sensible mais complexe. Un sentiment ambivalent, étrange, beau et mélancolique. La mort donnant la vie ou la possibilité de vivre. La mort côtoie la vie et la vie côtoie la mort. Comme une ombre.
Une image multiple. Un personnage multiple. Le masculin et le féminin. « Tout sur ma mère » est également un film sur la féminité et le désir de maternité. Mais aussi sur le deuil. Les images que l’on déchire. Le cinéma et un arrêt sur image. Une photo déchirée ou que l’on ne veut plus voir. Et enfin l’acceptation et la volonté de vivre malgré tout.
Le souci que j’ai avec les films très stylisés est que ce style propre de l’auteur vienne parfois écraser l’œuvre ou du moins l’étouffer si on n’y adhère pas complétement. Ici, j’y adhère plutôt mais pas complétement. C’est pour cela sûrement que je n’étais pas en phase parfaitement et donc épris par cette proposition cinématographique et les thématiques évoquées. Les éléments scénaristiques et les situations dramatiques m’ont parfois paru quelque peu grossiers malgré un propos qui m’a tout de même touché.