Un drame long à l'allumage et moche sur l'identité sexuelle et son acceptation illuminé par Fanny Ar

Un mois après le beau film chilien de Sebastien Lelio, « Une femme fantastique », c’est un réalisateur franco-belge qui s’attaque au sujet des personnes transgenres à travers un drame familial mettant également en exergue la difficile acceptation de ce statut dans nos sociétés contemporaines, notamment par les proches. Force est de constater que « Lola Pater » est beaucoup moins réussi que son pendant latin. Dès le départ, on peut reprocher à Nadir Moknèche de ne pas soigner ses images, celles-ci étant particulièrement laides. Et point de velléités naturalistes ou réalistes en guise d’excuses ! C’est toujours délicat à écrire mais « Lola Pater » souffre d’une forme déplaisante et datée.


De plus, le long-métrage est particulièrement long à démarrer. Durant la première moitié du film, on s’ennuie beaucoup, le cinéaste ne parvenant pas à faire naître ni l’émotion, ni le désir et encore moins d’empathie envers ses personnages. Comme si le film attendait de faire se rencontrer ses deux personnages principaux. Cette attente est préjudiciable pour nous spectateurs, même si elle a pour but de servir le récit. Lorsque cette rencontre a enfin lieu, « Lola pater » se réveille et la force de ce que le film entend raconter peut enfin éclore, bien qu’il soit un peu tard. Les meilleures scènes du film sont donc sans conteste celles entre ce père qui n’en est plus un d’apparence et son fils. C’est à ce moment que l’émoi et le trouble peuvent enfin nous toucher par intermittence et leur recontre nous emporter.


Mais cette œuvre évite surtout l’écueil de l’anecdotique voire du déplaisant par la grâce à ses deux interprètes. Tewfik Jallab prouve une nouvelle fois qu’il est un bel espoir du cinéma français mais c’est Fanny Ardant, dans un rôle pas forcément facile à accepter mais qu’elle illumine de sa prestance, qui sauve « Lola Pater ». Dans chacune des scènes où elle est présente, on ne voit qu’elle. On apprécie également les deux ou trois jolies séquences oniriques où apparaît Lubna Azabal et quelques moments poignants. Et si le film retranscrit bien le parcours difficile d’une personne qui change de sexe, il n’a pas la carrure nécessaire et l’ambition formelle adéquate pour être un beau mélodrame sur l’identité sexuelle.

JorikVesperhaven
5

Créée

le 10 août 2017

Critique lue 682 fois

4 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

Critique lue 682 fois

4

D'autres avis sur Lola Pater

Lola Pater
Cinephile-doux
6

"Je suis ton père"

Nadir Moknèche a montré une grande sensibilité dans ses films précédents : Viva Laldjérie et Délice Paloma, entre autres, ainsi qu'un talent certain à dessiner de beaux portraits de femmes. Lola...

le 10 août 2017

6 j'aime

5

Lola Pater
JorikVesperhaven
5

Un drame long à l'allumage et moche sur l'identité sexuelle et son acceptation illuminé par Fanny Ar

Un mois après le beau film chilien de Sebastien Lelio, « Une femme fantastique », c’est un réalisateur franco-belge qui s’attaque au sujet des personnes transgenres à travers un drame familial...

le 10 août 2017

4 j'aime

Lola Pater
Boubakar
5

Le temps du changement.

Après le décès brutal de sa mère, un jeune homme veut annoncer la nouvelle à son père, qu'il n'a pas revu depuis 25 ans, et qui a désormais changé de sexe, de Farid à Lola. Fanny Ardant est un...

le 9 juil. 2020

1 j'aime

Du même critique

Les Animaux fantastiques - Les Crimes de Grindelwald
JorikVesperhaven
5

Formellement irréprochable, une suite confuse qui nous perd à force de sous-intrigues inachevées.

Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...

le 15 nov. 2018

93 j'aime

10

TÁR
JorikVesperhaven
4

Tartare d'auteur.

Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...

le 27 oct. 2022

90 j'aime

12

First Man - Le Premier Homme sur la Lune
JorikVesperhaven
4

Chazelle se loupe avec cette évocation froide et ennuyeuse d'où ne surnage aucune émotion.

On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...

le 18 oct. 2018

81 j'aime

11