Lola, une femme allemande par Maqroll
Deuxième volet de la trilogie allemande, donc épisode central et carrefour, Lola conte la lutte d’un honnête homme contre une assemblée de notables occupés à se remplir les poches dans une logique de libre entreprise capitaliste. Il relate aussi les amours difficiles de ce même homme, mûr et respectable, avec une femme plus jeune que lui, qui chante et se prostitue dans le principal cabaret bordel de la ville. La référence à L’Ange bleu et à Sternberg est évidente (jusque dans le prénom éponyme de l’héroïne) mais elle est sublimée par la recherche sur les couleurs de Fassbinder, superbe créateur d’images et de sons tout à la fois, qui fait resurgir à l’aide de rouges étincelants et de chansons magnifiquement interprétées par Lola, tout un univers vibrant de vie et d’humanité. La fin sera conforme aux principes sociaux dominants mais sans amertume ni drame, juste un soupçon de dérision humoristique que la dernière scène va pousser à son paroxysme dans un comique de répétition irrésistible. Satire sociale ou roman d’amour ? On ne sait plus au total lequel des deux versants l’emporte. Mais c’est en tout cas un magnifique film, témoignant de la culture cinématographique de Fassbinder et de son amour pour le cinéma et pour l’humanité.