J'ai un problème avec le cinéma de Stanley Kubrick. Ce n'est pas que je l'aime pas, au contraire, j'aime beaucoup même si quelques unes de ses œuvres me laissent un peu de marbre. Le truc, c'est qu'à chaque fois que je sors d'un film de Kubrick, je galère à avoir un avis concret de son œuvre, et je me retrouve incapable de me justifier.


A ce moment-là, vous allez me répondre pourquoi je fais une critique alors. Déjà parce que je suis con, c'est une bonne raison. Mais surtout parce que c'est sans doute Lolita qui me fait le plus cet effet. C'est simple, je n'arrive pas à savoir si de Lolita, j'ai plus ri, plus été ému, plus stressé.


En fait, Lolita réussi l'exploit d'être un film qui passe par toutes les émotions, et pour moi, ça arrive très rarement.


Le meilleur exemple que j'aurai pour justifier ce ressentit, c'est l'introduction du film. A mi-chemin entre scène burlesque hilarante et véritable moment de tension dramatique. A chaque fois que je me mettais à esquisser un sourire dans le but de rire, une réplique arrivait tout à coup à me réinsérer instantanément dans la tension de la scène.


Et ça a été comme ça sur toute la longueur du film, et c'est sans doute pour cette raison que j'ai du mal à me situer face à ce Lolita. Parce que tout du long, je n'arrêtais pas de rire face au comique de situation, à ces scènes faites juste pour être drôles, quand soudain, sans crier garde, Lolita me balançait à la gueule un événement dramatique. Et des scènes comme ça, j'en ai une multitude dans ma tête. La scène de la baignoire, le lit pliant, la danse entre Charlotte Haze et Quilty, la crise de Humbert dans l’hôpital. Kubrick arrive avec brio à faire ressentir le ridicule de ses personnages tout en intégrant tout ceci à une tragédie sociale de haute volée.


Du coup, je ne me suis jamais ennuyé devant Lolita, j'ai trouvé ça réussi sur toute la longueur, sans temps mort avec toujours cette homogénéité entre le tragique et le comique. Et rien que pour ça, j'ai envie d'élever Lolita au rang des plus grands films de Kubrick car l’exercice de style est réussi avec brio.


C'est marrant, parce que beaucoup ont préféré Dr Strangelove au niveau de l'humour chez Kubrick, alors que perso, je m'étais fait chier devant. Alors qu'au contraire, j'ai jubilé tout du long devant Lolita.


Bref, un grand Kubrick.

James-Betaman

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