Avec une intrigue attendue et des références qui viennent affaiblir un propos peu original, David Farr peine à convaincre avec London House, son premier film en tant que réalisateur.


Pour son tout premier film en tant que réalisateur, le scénariste et showrunner David Farr se tourne du côté du thriller psychologique et cite rien moins qu’Hitchcock et son Vertigo comme référence. Référence dont il s’avère ne pas être à la hauteur. En effet, l‘intrigue de London House, bien que plantée dans un décor sophistiqué, est prévisible et d’une grande banalité (surtout pour les adeptes des téléfilms à la sauce M6). Tout commence par des plans de bonheur factice : les acteurs sourient, sont beaux et la femme enceinte semble épanouie. Seul bémol : la mère de la future mère (soit la grand-mère du futur bébé) est distante, voire absente. Pire, elle ne semble pas s’émouvoir de la naissance à venir. Cela affecte quelque peu Kate qui fantasme alors sur sa voisine, libérée et délivrée qui fait l’amour à grand bruit avec son mari et le rejoint tous les midis pour manger, quand elle ne tombe pas par hasard dans un vieux tiroir sur une photographie de son frère mort dans des circonstances mystérieuses (mais certainement liées au psychologique). Ce joli décor tombe à la renverse quand Theresa, la voisine également enceinte, perd son bébé à la suite d’une chute malencontreuse sur le félin de Kate, cette dernière n’ayant pas eu le temps de changer l’ampoule grillée du couloir. Le couple du bas a donc de la rancœur envers le couple du haut. Theresa effraie Kate, la fragile et celle qui ne voulait pas vraiment d’enfant, pour la faire passer pour folle. Comment ? A coup de gaz non éteint et de baignoire qui déborde. Bref, le thriller London House lorgne du côté d’un Rosemary’s Baby sans saveur. Par la suite, le couple redevient bucolique avant de retomber dans le cauchemar et tout cela jusqu’à la séquence finale qui elle, lorgne du côté de Vertigo…


Manque de saveur


En effet, David Farr se joue de références notamment lorsque Theresa porte le chignon à la Vertigo. C’est justement là tout le problème, on sent les intentions du réalisateur tout le long du film, intentions louables, mais bien trop prévisibles et un peu maladroites. L’intérêt moindre pour l’intrigue n’est même pas sauvé par le casting, exceptée Clémence Poesy, qui reste quand même assez fade dans ce rôle de personnage fêlé de l’intérieur qui tente de se construire. Plongé dans la peur, l’angoisse et la solitude, le personnage évolue finalement peu. Le réalisateur tente plutôt de jouer sur ce que les personnages savent et sur ce que le spectateur découvre avant eux, mais ça ne marche pas toujours, car les ficelles sont plutôt grossières (comme pour le coup du babyphone dans lequel on entend une respiration alors que le personnage du mari de Theresa est annoncé absent dès le début de la soirée). Résultat, tout sonne assez faux et on finit par s’ennuyer devant une intrigue qui aurait pu être haletante. L’opposition et la construction des personnages sont survolées, trop scolaires par rapport aux modèles invoqués et déjà évoqués. London House n’est finalement qu’une bien triste contribution au monde du thriller psychologique et à celui des twists de fin à la Shutter Island.

eloch
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le 23 mars 2017

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