Parce qu’elles se sont défendues et ont amoché un caïd de la pègre de Londres, vieux sadique pédophile qui voulait torturer une fugueuse SDF de 12 ans, une prostituée embarque sa jeune protégée dans le train pour Brighton, espérant y trouver refuge chez une amie. Le puissant et pervers fils dudit parrain engage alors le proxénète responsable de l’infortunée transaction à les retrouver avant d’imaginer sa vengeance.
La science du malaise oppressant, l’exploitation insupportable des attentes sadiques, la suggestion d’une violence crue, de la menace douloureuse, nous tord d’autant plus efficacement sur nos fauteuils que la touche géniale de la mise en scène consiste à ne montrer les actes violents qu’accidentellement, sous forme de rares et brefs clins d’œil, souvent en rétrospective.
Si le film nous entraine dans une angoissante et impitoyable traque, et la fuite pathétique des deux jeunes femmes aux abois, il est surtout entrecoupé de flashes-back où réside l’essentiel. Comment survit une prostituée dans les quartiers ensauvagés de Londres, où la pègre règne facilement sur une population croissante de marginaux, toxicos et laissés-pour-compte ; avec quelle banalité naïve une gamine fugueuse se fait brutalement dévorer par l’effroyable barbarie du crime, du sexe et de la prostitution mafieuse, constituent l’autre versant substantiel de ce violent et sordide film anglais, avec un final illustrant tous ses thèmes tout en nous scotchant par sa surprenante conclusion.