Kelly,une vieille pute,doit ,sur ordre de son mac,livrer une gamine ramassée dans la rue à un pédophile.Mais la passe tourne mal et les filles butent le client.Petit problème,le gars était un caïd de la pègre londonienne,et son fils,qui réclame vengeance,envoie ses sbires aux trousses des fugitives.Le pitch était alléchant mais Paul Andrew Williams,réalisateur,scénariste et producteur du film,a zéro talent et zéro imagination.Par conséquent,"London to Brighton" n'est qu'un énième polar shooté au constat social déplorant la déliquescence de la société britannique.Un constat très juste d'ailleurs,mais qui a déjà été beaucoup établi avec des traitements bien plus convaincants que ce qui est proposé ici.Platement filmée,l'oeuvre se contente de dérouler tous les poncifs éculés du film d'auteur psycho-social:rythme lent,image sale,plans serrés,décors déprimants,personnages borderline.Mais il ne suffit pas de mélanger ces ingrédients pour réussir son coup et,en l'état,ça a l'air d'une pâle copie tenant à la fois du sous-Loach,du sous-Andrea Arnold,du sous-Danny Boyle ou du sous-tout ce qu'on voudra d'abouti dans le genre.D'autant que le script ne tient pas en l'air.Ainsi on nous présente un gangster plein aux as qui,pour assouvir ses instincts de pédo dégueulasse,s'adresse à un proxo minable des bas-quartiers,comme si ces mecs n'avaient pas leurs réseaux organisés.Quant au maquereau,au lieu de faire son boulot,il le sous-traite à une prostituée peu fiable.Tout ça finira dans la débilité la plus complète.Pourquoi Stuart Allen oblige-t-il Derek à retrouver les filles,s'il n'avait pas l'intention de les punir?Si le but était de se faire le proxénète,il l'avait sous la main et aurait pu le tuer tout de suite,ce qui nous aurait épargné ce long pensum,vu qu'alors un court-métrage eût suffi.Cette longue litanie d'incohérences s'achèvera donc sur un happy-end loufoque qu'on sentait venir depuis le début ,en dépit de l'ambiance tragique, tellement c'est mal foutu.Le film ne traite vraiment aucun des sujets qu'il évoque,pas plus la pédophilie que la prostitution,la criminalité ou les addictions,et se garde bien d'expliquer les raisons du marasme social qu'il décrit,à part en chargeant les parents de tous les péchés,alors qu'ils sont eux-mêmes victimes de facteurs socio-économiques pénalisants.A la place,Williams s'attarde sur un mauvais mélo en s'appesantissant sur les rapports entre Kelly et Joanne,la première développant un instinct maternel vis-à-vis de la seconde et en profitant pour obtenir sa rédemption en sauvant la petite.Tout est lourdement souligné,comme la paradoxale psychologie de Joanne,ado fugueuse et SDF,dure à cuire fumant comme une locomotive et prête à aller au tapin pour un peu de blé,qui se révèle dans d'autres scènes n'être qu'une enfant qui veut manger des glaces et gagner des peluches à la foire.Le seul aspect du film que l'auteur parvienne à exposer correctement est la question de savoir jusqu'où on peut aller pour se procurer du fric quand il fait cruellement défaut.Jusqu'où peut-on repousser les limites de la morale et s'avilir?Derek et Kelly ,et même Joanne, sont placés face à un dilemme,qu'ils trancheront de manière différente.Tributaires de leurs mauvais karmas,ils ne sont pas chauds pour agir comme ils le font,mais la pression de l'argent est très forte.Les acteurs,des inconnus,sont excellents,à l'anglaise,le plus impressionnant étant Sam Spruell,glaçant en gangster dépourvu d'émotions.