London After Midnight, certainement le film le plus recherché de l’histoire du cinéma. Sorti en 1927, il est réalisé par Tod Browning et interprété notamment par Lon Chaney, l’homme aux mille visages.
Mais comment me direz-vous, juger un film que l’on n’a pas vu ? Car effectivement à moins d’avoir dans les 100 ans il est impossible de l’avoir vu. En France les séances du film datent de 1929 (ex : séances au cinéma Le Delta dans le 9e arrondissement de Paris en février 29). Aux Etats-Unis l’émergence des films sonores et la présence du code Hays, ont relégué le film dans les archives de la MGM, où l’incendie de 1967 détruisit l’unique copie connue du film.
Il ne reste alors de Londres Après Minuit, que les photos de tournage et le script, mais également un nombre assez conséquent de légendes urbaines : copies existantes mais jalousement cachées, présence d’une version en 8 mm etc. Je vous conseille l’excellent ouvrage Londres Après Minuit d’Augusto Cruz paru en 2015, qui mêle habilement faits historiques et romance sur la recherche de ces prétendues bobines.
Alors d’où viennent cette note et cette critique ? Tout simplement de la reconstitution du film en 2002 par TCM à partir des photos du tournage et du script original (documentaire présent dans le coffret DVD Lon Chaney Collection en import zone 1 chez TCM). A la manière d’un film muet, les photos se succèdent entrecoupées d’intertitres sur un fond musical. Pendant 40 minutes environ nous pouvons alors voir le film se (re)construire devant nos yeux.
Les décors sont superbes (jardins extérieurs, manoir lugubre…), les costumes et le maquillage des acteurs sont excellents, mention spéciale aux deux « vampires » Edna Tichenor (La froide Bat Girl) et Lon Chaney (ici en double rôle, l’enquêteur et le terrifiant Homme en haut de forme). Comme à son habitude Lon Chaney est méconnaissable avec ses yeux grands écarquillés (tenus par des sortes d’anneaux) et ses dents pointues. Enfin, le scénario est assez intéressant avec un final très original :
les vampires sont en réalité des acteurs engagés pour faire tomber le vrai criminel.
Pour finir ce billet, je vous propose une « vraie » critique d’époque concernant la sortie du film en France, présente dans le magazine Cinémagazine du 18 janvier 1929 :
« Lon Chaney, dans un rôle double, d'une puissance de terreur rarement égalée, semble l'Edgar Poe de l'écran. Conrad Nagel et Marceline Day sont parfaits dans les deux seconds rôles. La réalisation de Tod Browning est très habile et la photo excellente ».