Le docteur Larry Robert (Albert Finney), chirurgien esthétique, apprend la mort de trois de ses anciennes patientes, mannequins pour des clips publicitaires. Pour se disculper, il décide d’enquêter avec l’aide d’une autre patiente, Cindy Fairmont (Susan Dey). Il découvre alors que chacune des trois femmes avaient un rapport avec la société Digital Matrix, société publicitaire, dont les procédés semblent assez douteux…
Le moins qu’on puisse dire de Michael Crichton, c’est que c’était un homme de son temps. Dans son œuvre cinématographique (Mondwest, Morts suspectes) comme dans son œuvre littéraire (Jurassic Park, La Proie, Etat d’urgence), il s’est toujours intéressé aux grands débats de son époque. Dans Looker, c’est à l’omnipotence de la publicité qu’il s’attaque. Et, comme souvent chez Crichton, la charge est sans concession. C’est d'ailleurs principalement cette description au vitriol du pouvoir de la télévision sur l’homme, mise en avant dans le discours final de James Coburn, impressionnant et très lucide, qui fait l’intérêt du film.
En effet, le scénario, lui, apparaît assez simple et trop classique, d’autant que, par un mystère inexplicable, la scène où la raison du meurtre des mannequins est expliquée, bien qu’elle ait été diffusée à la télévision américaine, a été coupée du montage final et donc du DVD, le spectateur sortant ainsi du film sans aucune piste d’explication…(Vous pouvez retrouver ces scènes, essentielles, ici : https://www.youtube.com/watch?v=e-qMHI_beO4)
Mais sur la forme aussi, le film de Crichton a pris un sacré coup de vieux, que ce soit sur ses effets spéciaux ou sur son esthétique très datées des années 1980 (accompagné d'une musique électro assez désuète), renforcé par la mise en scène sans relief de Crichton, quoique le film comporte tout de même la première modélisation d’un corps humain en images de synthèse de l’histoire du cinéma.
Pour autant, on ne s’ennuiera pas forcément devant un film qui, malgré ses incohérences, distille suffisamment d’humour pour compenser une trop grande absence de tension, et qui, surtout, parvient à faire date par son propos à l’actualité toujours glaçante, et par certaines scènes cultes, du scan de Cindy par un ordinateur sur fond de Vivaldi à la poursuite finale sur un plateau de tournage de clips publicitaires, lors de laquelle on voit les hommes armés s’incruster aux images diffusées dans les publicités…
Alors, bien sûr, Looker est avant tout une série B de science-fiction qui pèche par manque d’ambition, mais elle se suit, il faut l’avouer, avec un certain plaisir.