She's a Looker ! That's what they say...
Looker a cette petite fraîcheur de la série B intègre qui tente de faire honnêtement sa petite histoire avec des concepts attachants, qui compensent la mise en scène un poil ringarde (trop ancrée dans les années 80) par les idées qu’ils incarnent. S’ouvrant sur l’excellente musique de Sue Saad (« she is a looker »), Looker s’attaque gentiment à l’acharnement esthétique des mannequins conseillés par des firmes de casting aux critères de beauté calculés au dixième de millimètre, n traitant sobrement et efficacement son sujet (il évite le gore mais ne cache pas les tables d’opération). Commençant sous l’angle du pur physique (en prenant pour personnage central un chirurgien esthétique un peu gêné de n’opérer que des beautés perfectionnistes), le film lance gentiment sa trame d’enquête par plusieurs suicides et l’apparition d’un mannequin paranoïaque retrouvé mort peu de temps après. On sait que les compagnies publicitaires sont mouillées, mais en quoi ? En se focalisant sur de petites débauches d’effets spéciaux rétro, le film s’intéresse aux stratégies manipulatrices du traitement de l’image, cherchant à focaliser l’œil du consommateur directement sur le produit à vendre et numérisant discrètement ses modèles pour en faire des répliques numériques plus malléables et moins protégées que les modèles réels. Looker trouve alors un nouveau terrain : celui de l’image numérique. Mais il ne l’exploite pas, ou très peu, car il avait pour projet d’être une simple série B et qu’il ne sort jamais de ses marques établies. Il rate régulièrement des occasions (à l’image de cette dénonciation de la chirurgie esthétique perfectionniste flirtant avec le trash, mais toujours brève et rapidement zappée), et privilégie d’autres pistes plus incongrues, comme celle de ce tueur au pistolet à flash, responsable de cette vague d’accidents, et donnant du fil à retordre à notre chirurgien enquêteur. Finalement, c’est ce contexte d’enquête qui rend Looker quelque peu laborieux, ce dernier transposant les enjeux de son final en une sorte de western laborieux, opposant physiquement les différents protagonistes, sans grande cohérence ni véritable intérêt. Looker veut rester modeste et manque d’audace pour s’affirmer, et ainsi gagner la renommée qu’il pouvait mériter. Les restes sont quand même satisfaisants, plantant ponctuellement des idées et des réflexions sur la publicité et son impact sociétal. Avec en prime le moyen d’être visionnaire, hélas laissé de côté… Une occasion ratée, toutefois gentiment divertissante.