Un peu difficile de rentrer dans ce documentaire sur la préparation par une équipe de comédiens hyper connus d'un film adaptant la pièce de Shakespeare, Richard III, déjà parce que ça commence doucement, avec des micro-trottoirs (et je redis l'amour que j'ai pour cette activité ô combien édifiante et si rafraîchissante), mais aussi parce que la version française a été doublée; alors là, c'est un exercice de haute voltige parce qu'Al Pacino n'a pas l'air de finir la moindre phrase et que coller à son expression hachée, c'est faire subir au français des contorsions un peu contre nature. Tout ça pour que ça fasse naturel. Ben c'est raté, ça gêne un peu. Mais on finit par s'habituer et ça va nettement mieux quand on rentre dans le cœur du sujet et que les répétitions et les scènes du film sont plus nombreuses. Le texte de Shakespeare prend alors la relève, les universitaires y vont de leur petite analyse, les comédiens s'emparent de leurs personnages et leur donnent chair, et ça devient carrément passionnant. En prime, ça se double de réflexions sur l'héritage anglais aux États-Unis, l'étrange complexe d'infériorité des yankees à l'heure de s'emparer des classiques d'Albion ou encore la surprenante fierté dont font preuve les illettrés lambda au moment de se revendiquer de ce Shakespeare qu'ils n'ont pas lu, dans le meilleur des cas, ou lu et pas compris dans le pire. Après, je me demande si le documentaire a atteint son objectif, qui était de mettre la pièce à la portée de tous. Ça l'a mise à la mienne, en tout cas.