Al Pacino a une mission, il veut "faire comprendre Richard III à l'homme de la rue", et donc, pour ça, il va produire et réaliser une sorte de documentaire sur la pièce. A un moment, un type dit même qu'il veut "faire ce film pour prouver que les acteurs sont les dignes héritiers de la compréhension de Shakespeare"... Tout cela est palpitant, mais part d'un postulat de départ un peu trop vite expédié qui dit que Richard III est trop complexe pour le pedzouille d'aujourd'hui.
Partant de ce postulat, Dieu merci, Al ne va pas jusqu'à essayer de descendre la pièce au niveau du débile moyen, non, il pense même que s'il ne comprend pas tout, le débile, c'est pas grave, les grandes lignes suffisent...
Par contre, pour ce qui est de son film, ça ne le gêne pas de descendre au niveau de l'attardé de base, enfin, c'est à croire tellement le film est d'un didactisme confondant et semble adressé à des enfants sous-demeurés en bas âge qui auraient pas mal de retard...
C'est pénible à la longue de voir tous ces gens sérieux, probablement très intelligents, asséner après de longues minutes de discussion sans un mot plus haut que l'autre, la plus basse des platitudes sur cette pauvre pièce qui n'en demandait pas tant.
Le film se regarde sans trop de souffrance, même s'il s'étire un peu trop, mais à un moment, j'ai largement arrêté de me sentir concerné, je voyais ici les défauts les plus criards de l'enseignement made in USA et j'avoue ne pas être convaincu par ce système.
Après deux heures de film, la seule chose que j'ai appris sur Richard III c'est qu'un type qui porte une casquette à l'envers est obligatoirement un peu grotesque, même si c'est Al Pacino.
En plus, ça, je l'avais appris rien que regardant la jaquette...