En ces temps de produits interchangeables et conventionnels produit pour 200 briques, on arrive encore à trouver des bonnes péloches d’exploitation indépendantes et ambitieuses qui proposent bien plus que ce que leurs promos vendent.
De la
même manière que le « district 9 » de Neil Blomkamp (dont le « Elysium » avec Matt Damon se fait plus qu’attendre) , avec ses pauvres 30 millions de dollars (ouais c’est cher , mais ça n’est que le budget officieux de « camping 2 » , pour ceux à qui ce chiffre offusquerait) et une inventivité à revendre mettait des en boites des scènes spectaculaire et dantesque tout en proposant une version S-F de l’Apartheid et un petit hommage au jeu « Halo », « Looper »,avec son économie de moyens judicieusement éparpillée tout le long du métrage ( l’aspect futuriste se rapproche plus des « Fils de l’homme » que de « Blade runner » et les gunfights sont tous minimalistes et pour la plupart filmés en hors-champs, y compris le déchainement de violence « Bruce Willis style » dans la planque des loopers, ce qui n’entache en aucun cas leurs efficacité ) apporte une nouvelle relecture du voyage temporel façon « Terminator » , un western crépusculaire bien huilée et … la plus belle déclaration d’amour au matriciel « Akira » de Katsuhiro Otomo faite à ce jour , aux cotés du « Dark city » d’Alex Proyas et du premier « Matrix » des Wachowski. Et rien que pour ça, le film mérite toute mon admiration.
Bon certes, quiconque ayant suivi le projet depuis le début (le script aurait été acclamé avant le tournage me dit-on) ainsi que le parcours du assez méconnu (m’enfin plus pour longtemps) Rian Johnson devait bien se douter que « Looper » ne serait pas un énième véhicule pour Bruce Willis, à la fois propret sur lui et manichéen au possible.
En effet , le Johnson s’est un tant soit peu fait remarquer en explosant et mélangeant les codes des genres qu’il abordait avec un esthétique particulier rappelant à la fois Wes Anderson, Tarantino et les Frères Coen , que ce soit sur « Brick (http://youtu.be/3cVzHeJ0Z3I) (un petit polar a ranger avec « Usual suspects » et « Memento » et qui marquait la première collaboration entre le réal et Joseph Gordon-Levitt) ou sur « Brothers Bloom »(http://youtu.be/ZvxH-_f9yMw) (titré chez nous « Une arnaque presque parfaite », un caper-movie mettant en scène Adrian Brody et Mark Ruffalo) , et le fait qu’il ait obtenu un petit budget suggérait bien qu’il aurait les coudées franches sur son bébé ( on a quand même droit au meurtre , en hors-champ certes mais brutal, d’un enfant et à une traumatisante séquence dans laquelle un homme du futur voit ses membres se volatilisaient à mesure que son alter-égo du passé se fait découper en petits morceaux, non je ne parle pas du perso principal) .
Et puis, pour ceux qui auraient été rebutés par les différentes bandes-annonces du film, ouais, c’est assez décomplexé par moments , mais le traitement artisanale se rapproche plus de « Black swan » et de « Drive » que du méprisable remake de « Total recall », de par cette volonté de traiter un genre de la contre-culture (l’horreur psycho pour « Black swan », le polar hard-boiled pour « Drive ») avec un réel respect et une personnalité « autre » pouvant fédérer toute sorte de public, aussi bien les bisseux que les amateurs de films d’auteur .
Pour finir, et ne voulant pas parler de la mise en scène et de l’intrigue , histoire de laisser le plaisir de la découverte, j’ajouterais juste que cela fait plaisir de voir le père Willis sobre et sonnant juste sans virer dans le cabotinage intempestif, que la musique composé par le frère du réalisateur est une merveille et que ce film est un futur chef d’œuvre du cyberpunk ( et sans doute le meilleur film de l’année avec « le territoire des loups ») et qu’on risque d’en entendre jusqu'à plus soif dans les prochaines années à venir .