Mmmmouuuaiiiis.... Alors en soi c'est bien , même très bien .

Le sens du montage ultra rythmique , une atmosphère qui te donne l'impression de te trouver face à un vrai thriller éreintant , le "concert" finale , la prestation de J.K Simmons , etc..

toussa-toussa c'est chouette , rien à redire la-dessus , tout le monde l'a assez répété .

Mais...jsai po ... malgré toutes ces qualité , j'ai pas franchement apprécié plus que ça .
j'étais limite assez furibard en sortant.

Déjà , je commence à trouver ce type de film indé ultra-formaté et industrialisé conçu non pas tellement pour raconter une histoire qui tienne à coeur (on me dit que c'est pourtant le cas pour ce film là ) mais simplement pour épater la galerie , "Jouer des cymbales" pour reprendre une expression du long-métrage , se faire une renommé (de préférence à Sundance , c'est la classe tu vois, sisi sa mère ) et ainsi glané un max de prix et autre statuettes en place et lieu des centaines de millions de biftons engrangés par les méga-blockbusters (et le fait que le coût de production est moindre ne rend pas cette industrie plus honnête ).

Ok , on m'a déjà dit maintes fois que cette démarche ne date pas d'hier (d'autant que certains film indé que j'apprécie énormément , "Juno" ou "Little Miss Sunshine" compris, auraient déjà été considéré comme sur-estimé pour les mêmes raisons que cite plus haut) , mais perso , je trouve que ça n'a jamais été aussi flagrant que maintenant.

Et autre chose , et c'est la véritable raison de mon détachement du film , et qui ne tient qu'à moi , c'est bien la moral de ce Whiplash .

Il existe des fictions où l'on suit des héros amoraux ou immoraux , sans pour autant que l'auteur fasse une apologie de leurs actes : l'on peut citer les cas récents du "Loup de Wall-Street" ou encore de "Breaking Bad" (titre par ailleurs peu anodin et annonçant clairement le sujet puisque qu'il vient d'une expression américaine assez courante qui définit une bonne personne qui file un mauvais coton ) , de "Night Call" ou encore des "Nouveaux Sauvages" (quoique , pour ce dernier , la question peut être posée) .

Dans "Whiplash" , j'ai été franchement embarrassé et avoue ne pas être bien certain de comprendre où voulait en venir Damien Chazelle (en même temps , c'est une des rare fois où je vais voir un film avec le moins de renseignement possible) via cette histoire narrant la relation quasi sado-masochiste entre un chef d'orchestre prônant des méthodes peu orthodoxes pour élever ses "prodiges" au sommet et un batteur prêt à tout pour y parvenir , quitte à délaisser son entourage , sa vie privée et à devenir méprisant .

En soi , j'aurais pu croire facilement que Whiplash était un film qui a comme prétention le simple désir de raconter efficacement une histoire sans porter de jugement , si le personnage principal n'était pas autant antipathique (le film tente , pour que l'on prenne le héros en affection, de nous le vendre comme artiste incompris , méprisé , mal dans sa peau et en manque d'affection alors qu'il passe le plus clair de son temps a être lui-même méprisant , voire méprisable , ne semble pas être plus perturbé que ça à chaque fois qu'il se trouve face à un dilemme cornélien et à même plutôt tendance à mettre de coté ses scrupules assez facilement , ce qui est contradictoire entre la démarche initiale et le résultat) ,ou encore si le réal avait fait le choix de terminer son film avant le "concert final" , qui est certes un énorme morceau de bravoure anthologique mais dont l'ambiguïté malsaine (on en viendrait à penser que les deux lascars vont aller se faire des fond de gorge entre eux après la représentation) aurait tendance à remettre en question tout ce qui a précédé ainsi que sa position moral (j'appellerai cela le syndrome "Mystic River" ) .

Soit Chazelle a voulu nous faire un thriller ultra-machiavélique et assez nihiliste doté d'une belle pourriture charismatique digne du Sergent instructeur Hartman de Full Metal Jacket , et dans ce cas là , la mission est accompli haut la main .

Soit , tout comme je l'ai lue ici et là ,le film est une ode au dépassement de soi afin de vivre pleinement de sa passion , de ne pas le laisser brimer par l'opinion de la société et une tentative mettre en valeur toute la beauté du Jazz au cinéma , et bah c'est franchement maladroit et dessert un peu son propos .

Je veux dire que j'estime que s'épanouir dans sa passion est l'une des choses les plus nobles qui existe , quel que'elle soit .

Cependant , si pour cela il faut aller jusqu'à perdre son intégrité , être suspicieux , devenir une catin et recourir a des coup de putes pour arriver à ses fins (ici on parle du milieu de la musique , mais on le remplace par n'importe quel medium artistique , le résultat est le même) , bah ça a plutôt tendance à me conforter dans l'idée de considérer ma passion comme un hobby
, un petit jardin secret pour s'évader et non en faire une carrière (ce qui ne m'empêche en aucun cas d'avoir de l'affection pour ceux qui parvienne a en vivre , bien au contraire) .

Peut-être que j'extrapole beaucoup , d'autant que le film est bon , mais à cause de cette épilogue qui remet en cause tout ce qui a précédé , je ne peux m'empêcher de penser que "Whiplash" est une oeuvre ultra cynique et de me mettre dans un état de rejet .

Ou peut-être que c'est moi qui suis en train de devenir un irrécupérable cynique . Diantre...

Au moins le bon coté , c'est que ça permettra à ceux qui découvrent l'acteur J.K Simmons que maintenant de se jeter sur la série cultissime Oz et découvrir sa prestation de l'effroyable Schillinger.

Et enfin, pour ceux qui voudraient découvrir une fiction de qualité mettant réellement en valeur la beauté et l'importance du milieu de la musique (ou plus généralement le domaine des intermittents du spectacle) , je recommande très chaudement la série Treme de David Simon ..
BastienInacio
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le 22 janv. 2015

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