Terminakira
Il est toujours délicat de faire un film sur une boucle temporelle par le simple fait que pratiquement le voyage dans le temps est irréalisable. En théorie, ça fonctionne mais point barre. Certains...
le 10 nov. 2012
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Ce qu'il y a de bien (ou de mal) avec la science-fiction, c'est que ça nous prépare à ne plus rien maîtriser du tout. Looper, nous parle d'un syndicat du crime qui, plutôt que de faire disparaitre ses victimes dans l'acide, les envoie dans le passé où elles sont descendues par des loopers, des hommes de mains armés de pétoires, qui les attendent sur le lieu de leur réapparition.
Joe est un de ces tueurs. Il vit en 2044 dans une société violente et individualiste acquise à la loi du flingue. A chaque fois qu'il descend un colis, il reçoit quatre beaux lingots d'argent. De quoi se constituer une petite retraite avant que son contrat arrive à terme. Ce terme, c'est quand il devra s'éliminer lui-même de façon à ne laisser aucune trace. Du futur, lui reviendra un bonhomme encagoulé qui sera lui dans trente ans. En l'exécutant, Joe programmera sa disparation. Durant trente ans, il est libre de faire ce qu'il veut à condition que la société n'entende plus parler de lui.
Le hic c'est que Joe, devenu vieux, tombe fou amoureux d'une femme. Lorsque son temps est fini et que des hommes viennent le chercher, ceux-ci tuent sa femme. Après s'être débarrassé d'eux, Joe s'enferme dans la machine et retourne dans le passé. Il se retrouve face à son alter ego plus jeune, sur le point de le descendre. Mais les deux se reconnaissent. Le vieux a le temps d'assommer l'autre et de s'enfuir. Quand il reprend ses esprits, le jeune se dit qu'il ne veut pas finir comme Seth, un collègue qui a commis l'imprudence, quelques jours avant, de ne pas exécuter son contrat après s'être reconnu dans la personne à abattre. Il doit donc retrouver son double et l'éliminer. De retour chez lui, il est poursuivi par des hommes qui tentent de l'abattre. Il est sauvé in extremis par son second qui lui explique son plan.
La société qui les emploie a pris une direction inquiétante. Elle a décidé de faire disparaître tous les loopers. S'il parvient à tuer la personne qui dirige cette société, Joe (le vieux) a peut-être une chance de revoir sa femme. Les indices pour retrouver l'actuel dirigeant sont minces : c'est un enfant (normal), un numéro indique sa date et son lieu de naissance, il se fait appeler "Le Faiseur de pluie" en référence à un pouvoir surnaturel dont il dispose... Le jeune n'est pas d'accord avec l'idée de tuer un enfant. Il essaye d'éliminer son alter ego après lui avoir donné rendez-vous dans un café. Sur ce, surgissent les hommes de mains. Des coups de feu fusent dans tous les sens...
Joe, le jeune, erre dans la campagne. Il est recueilli par une femme qui vit dans une ferme avec un enfant qui se dit orphelin et dont les colères sont redoutables. Entretemps, l'autre Joe est parti à la recherche de ceux qui peuvent être devenus le dirigeant de sa société. Ils sont trois dont l'enfant qui vit dans la ferme.
Pour comprendre l'origine du pouvoir de celui qui se fait appeler "Le Faiseur de pluie", il faut préciser qu'une partie des humains a subi une mutation génétique. Par l'entremise de traitements, ils sont devenus télékinésiques et peuvent faire léviter des objets en métal telles que des pièces au-dessus de leur main. La jeune femme possède ce pouvoir et Cid, l'enfant, semble également doué pour quelque action surnaturelle.
La venue d'un tueur dans la ferme va donner à Cid l'occasion de se révéler. Alors qu'il chute du haut d'un escalier, il émet un cri, une vibration qui met sens dessus dessous le mobilier de la maison et réduit en charpie celui venu pour tuer. On comprend que Cid est "Le Faiseur de pluie". C'est donc lui qui doit être éliminé.
La dernière scène se déroule dans un champ. Le double plus âgé est sur le point de tirer sur l'enfant. La femme se met entre eux. Le jeune réalise que la mort de cette femme dont il est tombé amoureux est la répétition de la mort de la femme de son double. Le seul moyen de sortir de ce cycle est de se tuer lui-même. Quand il s'écroule, le vieux disparaît également. La mère retrouve l'enfant. Sa colère retombe et la tempête qu'il a soulevée cesse tandis que la femme le serre dans ses bras. Il vient de réaliser qu'il s'agit de sa mère. Si la rédemption par l'amour est possible, l'enfant ne deviendra peut-être pas ce dirigeant sanguinaire du futur...
Voilà pour l'histoire. Sur un plan scénaristique, tout se tient et s'emboîte convenablement. Une gymnastique cérébrale à laquelle nous sommes maintenant habitués nous permet d'appréhender des mondes parallèles et d'entrevoir des passerelles spatio-temporelles entre les réalités. Ce champ des possibles est un atout fictionnel qui rend concevables des rebondissements hautement improbables.
On ne discutera pas ici du genre de la science fiction qui a ses émules et dans lequel on entre comme dans une chapelle avec la volonté d'y croire. Le genre est à la mode car la dimension virtuelle infuse dorénavant notre rapport au monde et nous donne le sentiment d'élargir nos perspectives. Mais le sentiment seulement car la séduction techniciste à l'oeuvre dans le film (de science-fiction) est assez impérative voire sidérante et impose au désordre civilisationnel qui fait son terreau un ordre hautement fascisant. Notons en effet que la société du crime qui, dans le film, s'arroge le droit d'utiliser la machine à remonter dans le temps est en fait LA SOCIÉTÉ. Il n'y a pas de contre-pouvoir. Cette société est donc la forme victorieuse de la société privée sur la société civile. Le contrat qui propose des lingots d'or avant la mise au placard du looper fait référence aux indemnités versées par les boîtes lorsqu'elles se débarrassent d'un employé. Par le subterfuge du voyage dans le temps (par le subterfuge du genre en fait), elle a le pouvoir de vie et de mort sur les individus.
Le message humaniste que défend le film en faisant de l'amour maternel un levier possible susceptible d'influer favorablement sur le caractère de celui qui est appelé à devenir le futur despote est certes fondateur mais il n'est qu'une hypothèse et on ne sait pas ce qui va advenir de ce legs d'amour.
Le film propose d'attendre trente ans... C'est trop long. Et si le prochain opus de science-fiction était d'abord un film d'amour ?
Créée
le 15 févr. 2023
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